Hélène Langevin : Le vieil homme et la mer
Hélène Langevin nous arrive avec Vieux Thomas et la petite fée, une nouvelle oeuvre pour jeune public tirée du conte éponyme de Dominique Demers.
C’est en 1996, avec Roche, papier, ciseaux, qu’Hélène Langevin se découvre le goût et le talent de s’adresser aux tout-petits. En 2000, elle décide de s’y consacrer pleinement et monte la compagnie Bouge de là. Huit ans plus tard, elle a ravi des générations de bambins de 3 à 9 ans et met la dernière touche à sa cinquième oeuvre pour jeune public, heureuse d’un résultat qui dépasse ses espérances.
"Je suis contente parce que je trouve que le contenu et le contenant sont beaux, déclare sans ostentation celle qui sait s’entourer d’excellents collaborateurs pour la scénographie. Cette pièce-là est un aboutissement de toutes mes autres créations. J’ai mûri ma façon de raconter des histoires en mélangent la danse et le théâtre et je suis arrivée à une maturité dans ma vision des choses. Et puis le fait de ne pas avoir à inventer tout un contexte m’a permis de mieux cibler mon propos, de mieux cerner le projet et de mieux le développer."
C’est en effet la première fois que l’artiste s’inspire d’une histoire existante: le conte Vieux Thomas et la petite fée, qu’elle a lu et relu à sa propre fille il y a de cela quelques années. "Je trouvais incroyable qu’en si peu de pages, on vive tant d’émotions, se souvient-elle. Et je m’étais dit que ça se transposerait bien en danse." L’histoire est celle d’un vieux monsieur aigri et solitaire dont la vie est bouleversée par la rencontre d’une minuscule petite fille échouée sur la plage. Son coeur s’ouvre pour y laisser entrer l’espoir, l’amour, la joie, le bonheur. Une histoire de transformation qui ne va pas sans drame et qui se termine sur une note douce-amère indiquant aux enfants de 5 ans et plus que rien n’est éternel.
Formée au sein du Jeune Ballet du Québec, Ève Boissonnault a été choisie, entre autres, pour sa silhouette longiligne, sa délicatesse et son apparence juvénile. "Elle a toute une légèreté des membres, elle peut être très aérienne, commente Langevin. J’ai travaillé les pointes avec elle, mais pas comme en ballet, pour lui donner un côté surnaturel. Ça traduit sa difficulté à être terrienne et elle devra réapprendre à marcher." Thomas, lui, est incarné par Guillaume Chouinard, acteur physique qui bougonne et baragouine un langage inconnu mais parfaitement intelligible de par ses accents et intonations.
Ces deux personnages principaux sont accompagnés d’un trio qui représente l’océan face à la maison de Thomas et qui résonne parfois en syntonie avec les émotions du vieil homme. Composé d’Audrey Bergeron, Jean-François Légaré et Audrée Juteau (en remplacement de Caroline Laurin-Beaucage), il fait écho aux images marines filmées par la chorégraphe à Halifax et en Caroline du Nord. "Ils sont toujours sur scène et dansent toujours en se touchant, dit-elle. On a exploré ensemble la façon de représenter différentes textures et qualités de l’eau et différents points de vue: la marée haute, la marée basse, le "splouch" d’une vague qui se brise, la surface de l’eau qui scintille, la vague qui meurt sur le sable…"
Un spectacle plus poétique que les précédents qui a déjà séduit l’auteure Dominique Demers et dans lequel on nous promet tout de même un peu d’action.
Les 3, 4, 8 et 17 mai
À la Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord et autres lieux
Info: www.bougedela.org