Jean Asselin : Ces choses qui font rire
Omnibus s’apprête à nous présenter Burlesque, une création dirigée par Jean Asselin. Elle met en scène notre relation, parfois saugrenue, avec les objets.
S’il y a un moment où l’on réalise la quantité de biens matériels que l’on possède, c’est bien lors d’un déménagement. Pas étonnant, donc, que Burlesque se déroule autour de la date fatidique du 1er juillet. L’action se passe dans une maison qui est sur le point d’accueillir de nouveaux locataires, la fratrie des Branchés. Mais avant qu’ils puissent s’y installer, la fratrie des Patates doit quitter les lieux. À travers plusieurs tableaux, la pièce illustre la prise de possession du territoire, la négociation liée au départ, les souvenirs laissés derrière soi. Au dire de Jean Asselin, celle-ci met l’accent sur la manie qu’a l’être humain de s’attacher aux objets. "On accorde machinalement de l’importance aux choses qui nous entourent. On a tendance à l’oublier, mais on est totalement déterminé par les objets. Je trouve même qu’il y a parfois une confusion des valeurs. On s’attache à des choses sans importance et on oublie ce qui compte vraiment."
Création "omnibusienne" oblige, Burlesque est une oeuvre ultra-corporelle. Mis à part quelques syllabes ici et là, tout se fait par le mime. La scène sera chargée de boîtes, de ficelles, de vêtements, d’échelles, de "choses" de toutes sortes. Asselin sera lui-même sur les planches, accompagné de sept cocréateurs: Francine Alepin, Catherine Asselin-Boulanger, Réal Bossé, Guillermina Kerwin, Bryan Morneau, Sylvie Moreau et François Papineau. Ces derniers, passant d’un objet à l’autre, s’amuseront à faire des gags, à nous faire rire.
D’ailleurs, la notion du rire fait partie des prémisses de Burlesque. On ne parle pas ici de rire pour faire rire, Asselin a voulu fouiller plus loin. "La pièce tient à une réflexion pratiquement philosophique sur le comique. Le but était d’éviter de s’attarder au punch, mais plutôt de chercher la cause de celui-ci. L’effet comique tient souvent au charme des personnes qui le font. Mais dans Burlesque, les interprètes n’ont pas le droit de l’étaler. Ils doivent résumer le gag au maximum, aller à son l’essence, déchiffrer sa mécanique."
TOUS EN SCENE
Afin de vraiment se concentrer sur les causes du comique et d’oublier ses effets, ils se sont interdit de rire pendant les répétitions. "Mais c’est absolument impossible! Ils sont bien trop comiques, c’est vraiment une belle troupe, il y a un bel esprit de famille."
Les interprètes ont en effet intérêt à faire preuve d’une grande complicité. Ils seront tous présents sur les planches durant presque toute la durée de la pièce. "La scène sera très hétéroclite, il y aura beaucoup de tableaux en même temps. Il va y avoir de la concurrence, des conjugaisons, des coïncidences." Il va sans dire, c’est un pari tordu pour un show comique. Les spectateurs ne risquent-ils pas de manquer les gags? "C’est justement pour ça qu’il faut que les gags soient courts. Mais ça prend de la coordination. Il y a plusieurs chevauchements et les interprètes doivent continuellement avoir conscience de ce qui se passe. En fait, c’est un peu ça, le grand défi de la pièce."
Du 29 avril au 24 mai
À l’Espace Libre
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