Slague – l'histoire d'un mineur : Broyer du noir
Scène

Slague – l’histoire d’un mineur : Broyer du noir

La pièce Slague – l’histoire d’un mineur nous plonge dans l’univers glauque de la vie minière, sans jamais nous en faire sortir. Le résultat est accablant, voire étouffant.

Dès le début, la vie des mineurs qui triment dur est projetée sur le mur par le biais de magnifiques photographies. Du coup, on est réellement transporté sous terre quand Pierre DeLorimier, interprété par Jean Marc Dalpé, commence à raconter son histoire. Son récit est celui d’un homme qui a passé sa vie dans la noirceur d’une mine, jusqu’à ce qu’il en sorte, handicapé des jambes et endeuillé d’un fils à la suite d’un accident minier. Alcoolique, il a le verbe facile, la rage au coeur. On le comprend. Il a donné sa vie à "creuser la terre, manger de la roche et chier de l’or", pour des gens qui ont fait fortune à la sueur noire de son front.

Cette mine, on y plonge en deux temps, trois mouvements et on y reste. Voilà le problème. L’homme raconte son histoire pour se libérer, mais on peine à le suivre dans sa montée vers la lumière. On stagne rapidement et lorsque, à mi-chemin, la vérité sur l’accident éclate, l’impact n’y est pas. Pire, il est facile de carrément manquer le punch. Pourtant, la présence sur scène de Dalpé est remarquable, son interprétation est juste. On ne peut non plus blâmer le texte de Mansel Robinson, brillamment traduit par Dalpé, un délicieux mélange de poésie et de réalité industrielle.

On aurait souhaité que la mise en scène de Geneviève Pineault soit plus dynamique et créative. Celle-ci étouffe et engourdit par ses segments répétitifs. Mais le comble de l’accablement est provoqué par l’environnement sonore, créé par Aymar. Il est beaucoup trop prévisible et, surtout, trop présent. On est irrité et déconcentré par une espèce de bourdonnement sans fin, qui ressemble au bruit sourd d’une discothèque qu’abriterait l’immeuble voisin.

À la fin, si le personnage est soulagé, le spectateur, lui, se sent coincé.

Jusqu’au 30 avril
À La Petite Licorne
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