Ferruccio Soleri : Jeunesse éternelle
Scène

Ferruccio Soleri : Jeunesse éternelle

Dix ans après la mort de Giorgio Strehler, le Piccolo Teatro est de retour à Montréal. Nous en parlons avec Ferruccio Soleri, l’acteur de 79 ans qui campe le héros d’Arlecchino servitore di due padroni.

La Place des Arts et le Théâtre du Nouveau Monde, en collaboration avec l’Institut culturel italien de Montréal et la Chambre de commerce italienne au Canada, présentent Arlecchino servitore di due padroni (Arlequin serviteur de deux maîtres) de Carlo Goldoni, la mythique production du Piccolo Teatro de Milan, l’un des théâtres les plus prestigieux au monde, dans une mise en scène signée Giorgio Strehler.

Jouée à peu près sans relâche depuis 1947, cette production est défendue par seize acteurs et cinq musiciens. Depuis plus de quarante ans, d’un méridien à l’autre, Ferruccio Soleri joue Arlequin, le personnage le plus célèbre de tout le théâtre italien. "Giorgio Strehler était un magicien de la mise en scène, affirme Soleri pour expliquer le succès extraordinaire du spectacle. Quant à Goldoni, il a écrit un texte qui est toujours aussi valable, une pièce simple et très amusante."

Pourtant, il n’y a pas que de la drôlerie dans les péripéties d’Arlequin. Sans parler de critique sociale, le comédien avoue que le personnage qu’il incarne est emblématique d’un certain pouvoir citoyen. "Arlequin est dans une situation où il va faire des choses incroyables, et ce, sans l’aide de personne. Aujourd’hui, sans recommandation, sans l’aide d’une puissance politique ou économique, on ne peut rien faire. Arlequin, seul, très simple, presque analphabète, va obtenir tout ce qu’il veut. Dans cette situation de besoin, il devient le plus intelligent, le plus fourbe. Je crois que c’est ça qui fait le charme du personnage pour le public d’aujourd’hui."

Sur scène, le visage caché derrière son masque, Ferruccio Soleri bondit comme un jeune homme. À 79 ans, l’acteur est dans une condition physique exceptionnelle. Quel est le secret? "Je dois cela à ma mère, à mon père, à Dieu et à Giorgio Strehler, répond le comédien. Naturellement, je fais tous les jours un peu de gymnastique et je reçois les conseils d’un physiothérapeute. Si je ne faisais pas ça, je n’y arriverais pas."

L’homme a consacré sa vie au théâtre. Il a beaucoup joué Goldoni, grand réformateur de la commedia dell’arte, mais il a aussi défendu Gogol, Brecht, Pirandello et Shakespeare. "Jeune, j’aimais beaucoup le théâtre mais je ne pensais pas à devenir comédien. À l’université, j’ai étudié en mathématique et en physique. Durant cette période, je jouais beaucoup, en amateur, bien sûr. Ce sont mes amis qui m’ont convaincu de m’inscrire à l’Académie nationale d’art dramatique, à Rome." On peut dire qu’ils ont bien fait.

Maintenant que Strehler est mort, Soleri a accepté, en toute humilité, de remettre en scène le spectacle. "J’essaie de m’en tenir à la rigueur et à la direction de Strehler, affirme l’acteur. Je veux que le moins de choses possible proviennent de moi. J’espère qu’il en sera ainsi encore longtemps."

Du 7 au 11 mai
Au Théâtre Maisonneuve de la PdA
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