La vie continue : Liste noire
Scène

La vie continue : Liste noire

Avec La vie continue, Yvan Bienvenue aborde le thème du sida en entrecroisant poésie, informations factuelles et paroles du quotidien.

Il y a environ trois ans, l’homme de théâtre Jacques Jalbert a fait appel à Yvan Bienvenue pour que l’auteur et cofondateur du Théâtre Urbi et Orbi l’aide à créer un projet de concertation entre artistes et communauté sur la problématique du sida. Aujourd’hui, Bienvenue accouche de La vie continue, une pièce présentée par le Théâtre Officiel del Farfadet et le collectif Chambr’Amie. Martin Desgagné signe la mise en scène.

Nous sommes le 23 décembre et une tempête de neige recouvre la ville de son voile opaque. Après avoir reçu une mystérieuse lettre de convocation par la poste, trois patients se présentent, la peur au ventre, dans une clinique de sérologie. Là-bas, un médecin les informe que leur nom figure sur une liste qu’un jeune inconnu de 27 ans a laissée avant de mourir, emporté par le sida. Débute alors une période d’angoisse assourdissante et de questionnements douloureux qui mènera chacun des personnages au coeur de ses drames intérieurs.

Difficile d’aborder la question du VIH sans verser dans les clichés ou la redite. C’est pourtant le défi que Bienvenue parvient ici à relever en livrant un texte composé de plusieurs styles d’écriture qui évoque la question du sida par le biais de la peur: celle d’avoir contracté le virus à la suite d’un moment d’insouciance et de vivre en sursis, ou encore celle qui naît d’une remise en question générale de nos habitudes de vie. Retranchés dans leurs bulles respectives, les personnages expriment à voix haute leurs inquiétudes par l’entremise de monologues ou de réflexions qui se répondent parfois sous forme de choeurs. L’information factuelle et la déconstruction de certains préjugés sur le sida sont véhiculées par plusieurs questions que posent les patients au médecin. Ce qui ne colle malheureusement pas, et ce dès le début de la représentation, ce sont les envolées lyriques sur fond de musique de Noël qui – même nourries de la riche poésie métaphorique de Bienvenue – cohabitent mal avec le reste du texte.

De plus, les comédiens Adrien Lacroix et Jacques Jalbert, qui interprètent respectivement le médecin et le concierge de l’hôpital (personnage mystique détenteur des clés de l’intrigue), manquent d’aisance et de fluidité dans leurs discours. Dans la peau des trois patients, Johanne Fontaine, Suzanne Champagne et Joachim Tanguay s’en tirent avec brio, colorant leurs personnages d’une personnalité forte et parfois même rigolote.

Jusqu’au 10 mai
Au Théâtre Prospero
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