Le Couloir et Chambres : Matière brute
Scène

Le Couloir et Chambres : Matière brute

Le Théâtre L’Instant combine deux des textes de l’auteur français Philippe Minyana, Le Couloir et Chambres, en une soirée dédiée au malaise social et à la solitude.

Mise en scène par le Belge André-Marie Coudou, la production présente deux pièces semblables par leurs thèmes et leurs ambiances. Afin de soutenir ces deux textes lourds de Philippe Minyana, huit comédiens de diverses nationalités (belge, québécoise, marocaine) s’allient à trois musiciens. Ensemble, ils tentent de faire vibrer la corde sensible de leur public.

Dans Le Couloir, on assiste au retour à la maison d’un homme après un séjour en prison. L’assassin retrouve une famille orpheline, malheureuse, brisée et aigrie, une famille au sein de laquelle il est désormais un intrus. D’influence expressionniste, la pièce offre un langage décousu où rien n’est dit sauf la souffrance, le tout ponctué de pauses musicales atonales où les protagonistes se tâtent le ventre, les yeux ou tombent au ralenti, incarnations vivantes de leur douleur.

Dans Chambres, six monologues d’une quinzaine de minutes se succèdent, tous axés sur des personnages meurtris, blessés et souvent dérangés. Plus classique dans sa théâtralité, la pièce n’en est pas moins torturée, et achève de nous donner l’impression d’assister à un condensé particulièrement hard de téléromans juteux: l’une jette son enfant par la fenêtre pour ne pas avoir à l’abandonner à l’assistance sociale, l’autre se fait violer par son père alors que sa mère suicidaire ferme les yeux. Les thèmes durs et redondants passent mal, enveloppés de clichés et de déjà-vu: les rires hystériques se transformant en pleurs désespérés ne manquent pas, et les cris primaux fusent de partout, éliminant l’émotion au lieu de la laisser exploser. Isabelle Tincler fait exception. Incarnant une participante d’un concours de beauté, la comédienne se révèle vraie de pathétisme et d’humaine confusion.

En fait, Le Couloir tout comme Chambres souffrent probablement simplement d’un manque de nuances. Les spectateurs avertis verront sûrement en ces deux pièces une tentative audacieuse de plonger dans la douleur grâce à des formes où le corps prend une dimension primaire. Malheureusement, la représentation ne laissera pas le meilleur des souvenirs au commun des mortels.

Jusqu’au 10 mai
À l’Espace Geordie
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