L’oiseau vert : Feux d’artifice
L’oiseau vert, spectacle fourmillant de trouvailles, de surprises, nous entraîne dans un univers farfelu, aux images colorées.
Texte de l’Italien Carlo Gozzi, L’oiseau vert (1765) est la version écrite d’une pièce de Commedia dell’arte; Martin Genest, metteur en scène, en souligne l’énergie, la drôlerie, tout en la baignant d’images orientales. Après une ouverture pleine de magie, porte ouverte sur la féerie, la folie déferle avec l’entrée des personnages. Un poète inspiré, surgi du plancher, débite, sous les yeux du ministre du roi, des prophéties étranges; suit la querelle burlesque d’un couple de charcutiers, surpris par les jumeaux qu’ils ont élevés: un garçon et une fille, 18 ans, philosophes à lunettes. Ils apprennent ainsi qu’ils sont nés de parents inconnus. Les voilà partis à leur recherche; avec eux démarre l’histoire, où se succèdent rencontres, épreuves, entreprises de séduction, sortilèges.
L’action se déroule sur un plateau de bois circulaire, percé de trappes, ressources utiles à la magie à venir; tout autour, bambous, lanternes. Éclairages envoûtants, costumes splendides, aux reflets chatoyants, maquillages, musique – ajout atmosphérique ou "commentaire" amusant – introduisent dans la folie de l’histoire le mystère de l’Orient. L’esthétique asiatique apparaît également dans les marionnettes, très belles, à l’image des comédiens, ou silhouettes en ombres chinoises, porteuses d’éléments surnaturels. Vision particulièrement suave: l’oiseau vert, tout de jonc et de plumes, animé par Patrick Ouellet, marchant, volant, magnifique et très drôle, à la fois candide et survolté.
Le texte, adapté par Benno Besson, pétille d’esprit: répétitions, ironie, discours métaphysico-philosophique, il amuse et surprend. L’assaisonne le jeu enjoué de tous les comédiens, énergique, parfois très physique, volontiers bouffon, et bondissant. L’histoire de L’oiseau vert est faite du fil entremêlé de plusieurs intrigues. De construction un peu lâche, la pièce ne se préoccupe pas toujours de cohérence et surtout, ne creuse jamais la psychologie des personnages.
Filant dans un monde joyeux où tout peut arriver – et parfois, arrive -, L’oiseau vert nous transporte, nous dépayse. En 2e partie, cependant, quelques longueurs, quelques trous de l’intrigue ralentissent momentanément le rythme. Qu’à cela ne tienne: l’ensemble séduit l’oeil et charme l’esprit, par son inventivité, sa légèreté, sa fantaisie, et par le plaisir qu’il procure, manifestement, autant sur scène que dans la salle.
Jusqu’au 17 mai
Au Grand Théâtre
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