Anthony Kavanagh : Rallumer la flamme
Scène

Anthony Kavanagh : Rallumer la flamme

Anthony Kavanagh est de retour au Québec après cinq ans d’absence et il est impatient de renouer avec le public qui l’a vu faire ses premiers pas sur scène.

"Au cours des cinq dernières années, j’ai vécu des expériences assez dures", souligne Anthony Kavanagh. "Je me suis installé en France parce que j’avais signé un contrat de disque avec un label français. Le producteur du spectacle aussi était français. Normalement, j’aurais dû rentrer au Québec en 2006 avec l’album Les Démons de l’Arkange. Mais comme il y a eu des soucis – le producteur véreux s’est poussé avec la caisse 10 jours avant le début du spectacle -, mes plans ont changé", explique l’humoriste.

Une chose a cependant toujours été claire à ses yeux: "Il n’était pas question de me servir du Québec comme d’une béquille. J’ai trop de respect pour le public québécois. C’est lui qui m’a formé, c’est grâce au Québec si ma carrière a fonctionné en Europe. Pour cette raison, je voulais rentrer au Québec avec un succès derrière moi."

Dire qu’il rentre au Québec avec un succès derrière lui est un euphémisme. La carrière d’humoriste d’Anthony ne se porte pas bien seulement en France, elle se porte à merveille dans toute la francophonie. Sans parler du fait que depuis 2001, il a eu l’occasion d’élargir considérablement ses horizons en animant chaque année le gala NRJ Music Awards, qu’il a également incarné l’avocat Billy Flynn dans la comédie musicale Chicago, tenu le rôle de Brock Steel dans Le coeur a ses raisons, fait du doublage pour le cinéma d’animation et animé les émissions Dancing Show et Symphonic Show sur la chaîne France 2.

UNE BRIQUE ET UN FANAL

En 1995, quand il est allé présenter son premier one man show de l’autre côté de l’Atlantique, Anthony espérait que le public français apprécierait son style d’humour cabotin autant que le public québécois. Aujourd’hui, c’est l’inverse: "J’aimerais avoir autant de succès au Québec qu’en Europe avec mon second one man show. C’est assez étrange à dire, mais mon coeur et mon âme en ont vraiment besoin. J’ai hâte d’être à la maison", dit-il en faisant remarquer qu’il ne s’est jamais senti aussi québécois que depuis qu’il vit à l’étranger.

N’empêche, Anthony admet que pendant quelques semaines, il a ressenti beaucoup de nervosité à l’approche de son retour au Québec: "Je me demandais si j’allais être capable de faire rire les Québécois comme avant. C’est sûr qu’il y a des gens qui vont venir à mes spectacles avec une brique et un fanal dans le but de me critiquer, mais il y en a aussi qui vont être là pour revoir un ancien ami", croit-il.

Une fois la peur évacuée de son système, l’humoriste a pris conscience que son retour après cinq ans d’absence avait aussi de bons côtés. Par exemple, celui de permettre la conquête d’un nouveau public: "Les moins de 25 ans ne savent pas qui je suis. J’aurai donc l’occasion de renouer avec mon ancien public, mais aussi d’en rencontrer un nouveau."

ANTHONYKAVANAGH.COM

Comme le suggère le .com du titre, il est question de technologie dans le spectacle AnthonyKavanagh.com: "Je commence le spectacle en parlant des changements technologiques. Je dis qu’en 5 ans, on a plus évolué qu’en 10 000 ans, qu’on est passé de l’âge de pierre à l’âge de bière, de l’homme des cavernes à l’homme des tavernes, mais que malgré tout, l’homme n’a pas beaucoup changé", raconte Anthony avant de se lancer dans une imitation hilarante – et fort convaincante! – de la façon de communiquer de l’homme à travers les âges.

Les portables, les ordinateurs, les sites de rencontres et les GPS sont aussi à l’honneur dans le one man show. D’ailleurs, ceux et celles qui voudraient se rincer l’oeil avant de voir l’humoriste en action peuvent se rendre sur son site officiel, www.anthonykavanagh.com, pour y visionner Les GPS du futur, une série de quatre clips parodiant avec un humour mordant le fonctionnement de ces petites machines parfois incohérentes: "Dans le cas des GPS du futur, Internet m’a servi de laboratoire. Je me suis inspiré des clips pour en parler dans mon spectacle et l’an prochain, les clips seront disponibles sur DVD", mentionne Anthony.

En plus des gadgets censés nous faciliter la vie, Anthony s’amusera sur le dos de sa relation amoureuse: "J’ai trouvé la femme de ma vie (pour ceux que ça intéresse, elle n’est pas française, mais suisse). Ça fait cinq ans qu’on est ensemble et j’ai maintenant très envie d’avoir un enfant. Un enfant que je vais reconnaître, je veux dire", plaisante-t-il. Il sera également question des séries 24 heures chrono et Beautés désespérées et des cinq ans qu’Anthony a passés en France: "Je parle aussi de mon chien, de ma coupe de cheveux, des toilettes publiques, de l’enregistrement de mon album. Comme je fais du stand-up, ça va très vite, je ne m’éternise pas sur certains sujets", remarque l’humoriste. De plus, conséquence de son expérience française, le spectacle d’environ 1 h 45, coécrit avec Étienne Langevin et François Valade et adapté pour le Québec par Sylvain Larocque, se déroule sans entracte.

JOINDRE L’UTILE A L’AGREABLE

Au cours des cinq dernières années, Anthony a eu l’occasion d’observer la façon de travailler des Français. Et il a décidé de se servir de cette expérience sur le terrain pour créer une société de consultants visant à aider les Québécois à percer le marché français, et les Français à percer le marché québécois: "J’ai appris avec l’expérience et en me cognant la tête sur les murs, mais après neuf ans de carrière ici, je crois pouvoir aider d’autres artistes à se faire connaître en France", dit-il. Même s’il fut un temps où les artistes français rechignaient devant le succès des Québécois, Anthony est convaincu que tout le monde peut faire sa place, que ce soit en France ou au Québec: "Je rêve du jour où l’humour québécois sera aussi connu que la chanson québécoise", précise-t-il.

Les 23 et 24 mai à L’Olympia de Montréal
Les 8 et 9 juillet à la Salle Wilfrid-Pelletier de la PdA

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AU CINEMA

Non content de faire sa marque en humour et à l’animation, Anthony est maintenant aussi acteur. Il vient de faire ses premiers pas au cinéma: le premier rôle masculin dans la comédie musicale Agathe Cléry, réalisée par Étienne Chatiliez (La vie est un long fleuve tranquille), avec Valérie Lemercier, Jean Rochefort, Dominique Lavanant et Isabelle Nanty: "L’année 2007 a été une super année parce que ç’a été le rodage du one man show et le tournage d’Agathe Cléry, qui a duré six mois. Je suis très gâté, car Étienne Chatiliez est un des rares réalisateurs qui soient autant respectés par le métier qu’adorés par le public. Il fait des films à la fois populaires et intelligents", estime Anthony.

Agathe Cléry raconte l’histoire d’une Blanche snob et raciste qui devient noire à la suite d’une maladie. Elle travaille pour une multinationale de cosmétiques et quand sa peau devient noire, elle perd son emploi, son mari et fait l’expérience de la vie d’une femme noire à Paris. "Dans le film, je l’engage dans ma société et on tombe amoureux. C’est une comédie musicale, mais je suis le seul qui ne chante pas. Par contre, je danse le flamenco! Ça m’a pris six mois de préparation pour tourner une scène de 1 minute 12", explique Anthony, qui a fait cinq auditions avant de décrocher le rôle et perdu 10 kilos.

L’humoriste espère que la comédie musicale, qui prendra l’affiche le 3 décembre en France, sera suivie d’autres rôles: "Mon but à moyen terme est de pouvoir faire des films en France, aux États-Unis et au Québec. Jean Reno, Gérard Depardieu et Vincent Cassel sont des exemples d’acteurs français qui ont percé le marché américain. Quant à moi, je veux faire mon métier partout dans le monde pour rencontrer différentes cultures."