Burlesque : Pris en otage
Scène

Burlesque : Pris en otage

Avec Burlesque, Jean Asselin présente une oeuvre sans queue ni tête où le mime fait pâle figure et où l’humour provoque la consternation plus que les rires.

Veille de déménagement. Les membres de la famille des Patates se livrent à un rituel dont on a du mal à saisir le sens. Celle-ci évolue dans un espace scénique jonché d’objets en tout genre, symboles de l’accumulation quasi inévitable de possessions reflétant notre attachement au matériel et faisant douloureusement écho au vide existentiel des huit protagonistes de la drôle de farce qui nous est proposée.

Car la famille des Branchés qui vient emménager dans les lieux que quittent les Patates a un comportement aussi étrange et bien souvent incohérent. Créée à partir d’une série d’improvisations autour de l’objet pour explorer la notion de burlesque, la pièce ressemble à un puzzle mal assemblé où les trouvailles de base semblent s’être étiolées plutôt que de mûrir et où ce qui a pu être comique un jour est devenu carrément ridicule.

Pendant une longue heure quarante (la durée est variable d’une représentation à l’autre), les acteurs occupent presque toujours simultanément la scène, enfilant une série de saynètes caractérisées par l’humour gras et le mauvais goût. Que dire, par exemple, des nombreux "gags" à connotation scatologique comme ces passages répétés aux toilettes où des pommes de terre figurent des étrons? Comment interpréter l’obsession sexuelle du benjamin des Branchés qui tripote une poupée et fait mine de la pénétrer avant de frayer avec la benjamine des Patates? Et comment décoder les actes de violence perpétrés par une mère sur une poupée ou l’attitude de ces pères qui échangent allègrement une femme contre une voiture?

Si ce contenu peu subtil réussit cependant à en faire rire certains (les ados, plus particulièrement), la forme est aussi malhabile avec des personnages mal définis, des situations intéressantes qu’on ne développe jamais, un manque flagrant de spontanéité dans le jeu, des corps peu investis de l’art du mime et un usage de la parole trop fréquent pour pallier le manque d’éloquence.

Avec un grenier, une cave, une ruelle et une scène prise en sandwich entre deux rangées de gradins, l’utilisation de l’espace est plutôt ingénieuse. Hélas, une partie du public s’y sent prise en otage, ne pouvant quitter la salle sans traverser la scène. Car ce qui s’annonçait comme une partie de plaisir prend parfois des allures de calvaire.

Jusqu’au 24 mai
À Espace libre
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