Mariano Pensotti : Une ville, la nuit
Mariano Pensotti, auteur et metteur en scène argentin, présente à Québec La Marea, spectacle naviguant entre nouvelle, théâtre d’intervention et cinéma.
Pendant trois soirées, l’avenue Cartier prendra, sous ses soins, un autre visage. Durant deux heures, neuf scènes différentes, de 10 minutes chacune, présentées en continu, habiteront rue, trottoirs et vitrines. Racontant des petits moments de la vie quotidienne, les scènes sont muettes: des sous-titres, projetés sur les murs ou la chaussée, livrent les pensées, les émotions, l’histoire des personnages.
À l’origine de ce spectacle, la rencontre de deux projets de Mariano Pensotti. "Depuis déjà un bout de temps, j’avais envie de faire quelque chose dans la rue, mais je ne savais pas exactement quoi, explique-t-il. Pendant la même période, je travaillais sur des textes qui n’étaient pas tout à fait des textes de théâtre: quelque chose, plutôt, comme des nouvelles. Quand j’ai commencé à penser à cette performance dans la rue, j’ai mélangé les deux idées."
Ainsi naît La Marea, spectacle créé en 2005 à Buenos Aires, et présenté, après un passage en Allemagne, en Irlande, en Belgique et en France, en grande première nord-américaine au Carrefour international de théâtre. Chaque fois, le texte est adapté à la ville qui l’accueille, et interprété par des comédiens locaux. Ainsi, 16 artistes de Québec, rencontrés d’abord en mars, joueront sur Cartier; le metteur en scène les reverra pour les répétitions finales une semaine avant le début des représentations.
Les scènes de La Marea permettent au spectateur d’épier des personnages; privilège supplémentaire: il peut aussi entrer dans l’intimité de leurs pensées, de leurs sentiments. "Le spectacle comprend des scènes de la vie de tous les jours, se déroulant dans cette vraie rue; il mélange histoires réalistes et, parfois, histoires beaucoup plus étranges. Il n’y a pas vraiment de sujet, ou de thème qui relie toutes ces histoires; pour moi, La Marea est comme un recueil de nouvelles. Peut-être y a-t-il tout de même quelques liens: références à la rue, à l’histoire de la ville, quelque chose touchant la nuit, la solitude. Mais je n’ai pas cherché à faire ces liens: ils sont apparus en cours d’écriture."
La structure du spectacle, plutôt éclatée, et l’utilisation des sous-titres donnent à l’artiste une grande liberté, permettant de raconter des histoires complexes. "Je m’intéresse beaucoup aux romans du 19e siècle, à ces grandes histoires, plutôt difficiles à représenter à la scène. En même temps, La Marea, pour moi, est comme un film vivant: on voit la situation, les sous-titres; dans chaque scène, il y a un cadrage très précis autour des personnages. De plus, le public est comme la caméra. Il y a des scènes jouées en même temps des deux côtés de la rue. Les spectateurs peuvent choisir l’ordre dans lequel ils veulent les voir, et combien de temps ils veulent y passer: ils peuvent regarder la scène du début à la fin, ou seulement pendant quelques minutes. Pour moi, c’est comme si je plaçais les spectateurs à la place de la caméra, tout en leur laissant la possibilité de faire le montage de ces neuf scènes. Bien sûr, la structure choisie change l’expérience de chacun."
Spectacle mélangeant espaces public et privé, La Marea permet de traverser les apparences, et de redécouvrir, transformé par l’imagination, un quartier connu.
Du 16 au 18 mai à 21h
Sur l’avenue Cartier
Dans le cadre du Carrefour international de théâtre