Marie-Ève Beaulieu : Mener la danse
Scène

Marie-Ève Beaulieu : Mener la danse

Avec Sweet Charity, la jeune Marie-Ève Beaulieu s’apprête à tenir son premier grand rôle dans une comédie musicale.

Une saison au Théâtre du Rideau Vert ne serait pas complète sans la désormais traditionnelle comédie musicale de mai. Après Cabaret, My Fair Lady et Neuf, Denise Filiatrault rapplique avec Sweet Charity. La directrice artistique orchestre cette faste production en collaboration avec le Festival Juste pour rire. Sur scène: Nathalie Gadouas, Émily Bégin, Chantal Dauphinais, Émilie Josset, Gabriel Sabourin, Pierre Gendron, Steve Hanley, Christian Vézina, Marina Matic, Paul Cagelet, Richard Belhumeur et Daniel Delisle.

Diplômée du Conservatoire d’art dramatique de Montréal en 2004, Marie-Ève Beaulieu n’a pas tardé à se tailler une place de choix dans le milieu artistique québécois. Celle qui s’est illustrée dans des téléséries telles que Les Hauts et les Bas de Sophie Paquin, Minuit le soir et Virginie est aujourd’hui sur le point de réaliser un grand fantasme! "J’ai passé mon enfance à regarder Annie, Grease et Mary Poppins puis à les rejouer dans ma tête et dans ma chambre!" lance celle qui suit des cours de danse depuis sa tendre enfance passée à Cowansville.

"J’ai eu de la difficulté à choisir un métier parce que j’aimais tout! Mais c’est sur scène que je me sens le mieux. Je peux avoir l’air petite et fragile, mais je suis solide et je n’ai pas peur de tenir les ficelles d’un spectacle!" C’est dans L’Évangile selon Salomé, une création d’Alexandre Marine, celui-là même qui a présenté l’automne dernier au Rideau Vert une relecture célébrée de la Marie Stuart de Schiller, que Filiatrault a repéré la pimpante jeune femme. "Après le spectacle, Denise est venue me voir dans ma loge pour me suggérer de passer une audition pour Sweet Charity", confie Beaulieu. Peu de temps après, la comédienne décrochait le premier rôle.

La comédie musicale raconte les tribulations sentimentales de Charity Valentine. Entraîneuse dans un club de dancing, la jeune femme rêve de rencontrer le grand amour pour sortir du milieu médiocre dans lequel elle évolue. "Cette comédie musicale me touche parce qu’elle n’est pas que légère et heureuse, explique Beaulieu. Malgré toutes les déceptions que vit Charity, l’espoir en elle ne meurt jamais. En ce sens, le personnage me rejoint beaucoup." Il semble qu’une belle complicité se soit développée entre la comédienne et la redoutable metteure en scène. "Je suis quelqu’un qui travaille étape par étape, alors que Denise visualise le spectacle dans sa tête depuis le début des répétitions. C’est pourquoi elle peut sembler impatiente. Mais quand elle crie, c’est parce qu’elle est passionnée! Et on en rit!"

Pour créer les nombreux numéros dansés, Geneviève Dorion-Coupal s’est inspirée des mouvements de Bob Fosse, chorégraphe de l’oeuvre originale. "Il y a quelque chose de ludique et d’incongru dans les mouvements de Fosse, explique Beaulieu. Comme une rigueur dans le déséquilibre des corps. Le spectacle est comme un feu roulant, une course, un énorme défi… Mais nous sommes prêts, et j’ai tellement hâte!" (D.A.)

Du 13 mai au 14 juin
Au Théâtre du Rideau Vert
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SWEET CHARITY

Créée par Bob Fosse le 29 janvier 1966 au Palace Theatre de New York et le 11 octobre 1967 au Prince of Wales Theatre de Londres, Sweet Charity est l’oeuvre de Neil Simon (livret, inspiré du film de Federico Fellini Les Nuits de Cabiria), Dorothy Fields (paroles, ici traduites par Yves Morin) et Cy Coleman (musique). L’air le plus connu est sans nul doute Big Spender. En 1968, Fosse adapte son spectacle pour le grand écran. Il s’agit de son premier film. Dans les rôles principaux, Shirley MacLaine, Chita Rivera et John McMartin. En 1986, une nouvelle mouture voit le jour, toujours sous la direction de Fosse. En 2005, un nouveau spectacle, dirigé par Walter Bobbie et mettant en vedette Christina Applegate, vedette du cinéma et de la télévision, est présenté à Broadway et en tournée.

Rêvant de trouver le grand amour, Charity Hope Valentine, fille de cabaret, se lance dans des histoires perdues d’avance avec des hommes qui abusent d’elle. Le vrai sujet de l’oeuvre, c’est le désir d’une jeune femme d’accéder à une nouvelle vie, un nouveau métier, une nouvelle condition sociale, un meilleur destin. La naïveté, voire la douce folie de l’héroïne, fait inévitablement penser à celle d’Irma La Douce, un autre monument du théâtre musical que Filiatrault a porté à la scène avec Serge Postigo et Karine Vanasse, en 2002. Les déboires de Charity, qui ne cessent malgré toute sa bonne volonté et la pureté de son coeur, font apparaître les cruelles limites du rêve américain. Ainsi, la force de l’oeuvre est indubitablement d’opposer la légèreté du personnage à un constat social pessimiste. (C.S.-P.)