Michel Nadeau : Québec vu par…
Scène

Michel Nadeau : Québec vu par…

Michel Nadeau met en scène Regards-9, un spectacle-concept spécialement créé pour le 400e de Québec. Neuf courtes pièces, deux versions de chacune, et au public de choisir.

À la recherche d’une manière festive de souligner le 400e de Québec, la bande du Théâtre Niveau Parking a eu l’idée de reprendre la formule de Passion fast-food (1990), qui invitait le public à décider des pièces présentées d’un soir à l’autre. Ainsi ont-ils demandé à Jean Marc Dalpé, Robert Lepage, Marc Prescott, Anne-Marie Olivier, François Létourneau, Koffi Kwahulé, Alexis Martin, Marie Brassard et Michel Nadeau de s’inspirer d’un quartier de la Vieille Capitale pour inventer une histoire. "Ce concept est intéressant dans la mesure où il implique une diversité d’écritures; on a neuf auteurs, neuf univers, donc il s’agit d’un petit panorama de la dramaturgie québécoise contemporaine, observe le metteur en scène. Les textes sont tous très différents et montrent bien la singularité de chacun. Jean Marc Dalpé y va d’une étude psychologique, tandis qu’Alexis Martin touche au fantastique. En fait, ils ont tous une histoire personnelle avec Québec, et c’est un peu ce qu’ils mettent dans leur texte. Aussi, entre le cru et le lyrique, on y retrouve toute une gamme de langages. Enfin, c’est assez balancé; il y a de la comédie, mais aussi, des choses très émouvantes, ou encore, plus poétiques. En même temps, ça tient de l’événement puisque le spectateur participe à l’acte théâtral en train de se faire et que ça change chaque fois."

À ce propos, le public aura à choisir, non seulement entre plusieurs titres, mais aussi, entre deux versions de chacun. "Il était important pour moi que ce soit vraiment différent, et dans le jeu, et dans la mise en scène, explique-t-il. C’est intéressant pour les gens de constater qu’il existe plusieurs portes d’entrée dans un texte, et il y a un grand plaisir à voir la même pièce montée autrement, le même rôle joué par deux acteurs ou le même acteur dans deux interprétations." Ainsi a-t-il multiplié les oppositions, que ce soit de perspectives, de manières de jouer, de styles (expressionnisme/polar), de temporalités (direct/flash-back), d’arrangements (solo/chorale) ou d’esprits (ciel/enfer), par exemple. "En fait, chaque pièce nous suggérait des façons de la monter", poursuit-il, en précisant qu’il ne voulait surtout pas trahir les auteurs. "C’était comme imaginer toutes les mises en scène de la saison du Trident, de la Bordée et du Périscope simultanément! Évidemment, en plus court, mais le travail de conceptualisation demeure le même." Un tour de force n’allant pas sans en appeler un autre: celui des comédiens (Marie-Josée Bastien, Jean-Michel Déry, Catherine Larochelle, Réjean Vallée, Véronika Makdissi-Warren et Vincent Champoux), qui ont énormément de texte à apprendre dans divers registres, ne sauront jamais à l’avance ce qu’ils devront jouer et ne disposeront que d’une minute pour se préparer à partir du moment où un spectateur sélectionné au hasard aura déterminé le prochain numéro. "Pour eux, il s’agit d’un exercice très exigeant, mais très l’fun aussi, remarque-t-il. Ça les force à une vigilance incroyable, tout en provoquant une sorte d’excitation, de danger stimulant, de tension créatrice. L’effervescence est toujours là." Et devrait se révéler contagieuse, selon lui.

Les 15 et 16 mai à 20h
Le 17 mai à 15h
Au Théâtre de la Bordée
Dans le cadre du Carrefour international de théâtre