Vieux Thomas et la Petite Fée : La vie en bleu
Avec Vieux Thomas et la Petite Fée, Hélène Langevin choisit la voie du romantisme pour s’adresser aux enfants. Une pièce moins enlevée que d’habitude mais néanmoins séduisante.
Pour la première fois de sa carrière, la chorégraphe Hélène Langevin n’a pas écrit l’histoire qu’elle met en scène et en mouvements. Dans Vieux Thomas et la Petite Fée, elle adapte l’histoire de l’album jeunesse éponyme de Dominique Demers en mariant danse et théâtre physique. Ce conte contemporain relate comment un vieux marin solitaire et grognon voit sa vie transformée par la découverte d’une petite fille blessée sur la plage. L’opération est réussie, même si le résultat est moins flamboyant que les créations auxquelles nous a habitués la compagnie Bouge de là.
Plus linéaire et monochrome que Chut!! ou Comme les 5 doigts de la main, cette nouvelle oeuvre pour les cinq ans et plus est à l’image de la mer, omniprésente dans la pièce: elle berce d’un doux ressac (parfois quelque peu ennuyeux) tout en nous réservant d’intéressantes perturbations climatiques. Deux pontons bordent la scène, devenue sable et eau pour l’occasion. Vêtus de costumes verts et bleus à froufrous, Audrey Bergeron, Audrée Juteau et Jean-François Légaré font écho aux images marines projetées sur grand écran. Parfaitement synchronisés, ils interprètent une gestuelle tout en courbes et en fluidité dans un beau travail de partenariat, incarnant à merveille les vagues qui ballottent la jeune Ève Boissonnault et la déposent sur la plage.
La délicatesse de cette fée qui s’exprime par petits cris charmants est d’autant plus émouvante que la relation qu’elle développe avec Guillaume Chouinard est celle d’un bébé avec son père. Juchée sur pointes, elle réapprend à marcher avec son aide dans un duo qui constitue un des temps forts de la chorégraphie. Et si leurs jeux dans l’eau s’étirent un peu en longueur, la poésie du moment où ils contemplent les flots invite les enfants au calme… qui précède la tempête: l’attaque d’un chien-loup que l’homme met en déroute en y laissant sa vie.
Dans cette scène, Langevin reprend le travail de jeux d’ombres élaboré dans sa pièce précédente, avec moins de maestria mais autant d’efficacité. Et si les revirements sont moins nombreux qu’à l’habitude, c’est sans doute que le sujet est plus grave et que les émotions ont besoin de temps pour être vécues et se déposer. Et l’on se réjouit que l’humour et l’inventivité soient, une fois de plus, au rendez-vous.