Luc Bouffard : Seul au monde
Après avoir courageusement revisité Les Escaliers du Sacré-Coeur de Copi, les Ouvriers Théâtre présentent Terminus Solitude, une création de Luc Bouffard.
Les Ouvriers Théâtre, ce sont les artistes et amis Luc Bouffard, Philippe Cyr, Stéphanie Julien et Valérie Parent. Fondée en 2006, la compagnie est née du désir de poser un regard personnel sur le monde qui nous entoure. C’est dans cet esprit que Bouffard nous livre Terminus Solitude, une réflexion sur l’homme d’aujourd’hui. L’auteur, metteur en scène et comédien partage ici la scène avec Marc Donati et Fred-Éric Salvail.
Terminus Solitude, c’est l’histoire de Whiz qui lutte pour trouver sa place au sein d’une société qui ne lui ressemble pas. "Whiz a été abandonné par son père, un homme blasé et agressif, explique Bouffard. Très jeune, il s’est senti seul et délaissé. C’est ce qu’il nous raconte à travers les souvenirs de sa jeunesse." Un mal de vivre qui force le protagoniste à se replier sur lui-même. "Cette pièce tourne autour d’une critique sociale, soutient le créateur, ancien intervenant psychosocial qui, en 2000, a tout laissé tomber pour se réorienter en théâtre à l’UQAM. La société propose des modèles auxquels il faut ressembler et elle nous invente des besoins. Pour moi, la surconsommation crée des sous-groupes, elle exclut les gens."
Coincé dans les dédales de son esprit, sur le bord de la schizophrénie, Whiz tente de trouver une porte de sortie en remontant le temps. Dans cette quête interviennent deux autres personnages: Pep et Max. "On peut les voir comme le prolongement des différentes personnalités de Whiz, explique Bouffard. Max illustre par exemple ce que Whiz aurait pu devenir s’il avait été père. Pour moi, l’être humain est formé de trois entités: une physique, une spirituelle et une psychologique. Chaque entité est ici représentée par un personnage. Ainsi, les trois protagonistes échangent des dialogues et des monologues qui se répondent et s’entrecroisent. Ils se voient sans vraiment interagir."
C’est en février 2006 que Bouffard pond le premier jet de cette pièce qu’il présente lors de la deuxième édition du Rallye Midi-Minuit. "Je me suis assis devant mon ordinateur et j’ai écrit spontanément 15 pages en 3 jours. Ce texte est comme une accumulation de compréhensions envers ma vie et envers celle des hommes qui m’entourent." Côté mise en scène, Bouffard a donné une grande liberté à ses comédiens. "L’action et le parler de la pièce s’inspirent du langage de notre génération. C’est pourquoi, pour quelques répétitions, j’ai laissé les comédiens jouer instinctivement selon leur bagage personnel. Et j’ai décidé de garder ce grain d’authenticité."
Solitude, individualisme, difficulté à exprimer ses émotions, voilà des thèmes qui ont été traités maintes fois au théâtre. Bouffard amène-t-il quelque chose de nouveau? "Écrire une pièce, c’est comme faire une recette. Je ne réinvente pas les ingrédients, mais je les mélange d’une nouvelle façon. Mon gâteau, il a un look bien différent!"
Jusqu’au 31 mai
À l’Espace Geordie
Voir calendrier Théâtre