Peter Quanz : En héritage
Scène

Peter Quanz : En héritage

Le jeune chorégraphe ontarien Peter Quanz est invité par les Grands Ballets Canadiens de Montréal à partager une soirée avec deux pièces maîtresses de George Balanchine.

Il n’a pas encore 30 ans qu’il affiche déjà plus de 20 créations à sa feuille de route et qu’il peut se targuer d’être le premier Canadien à avoir reçu une commande du célèbre Ballet Kirov du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Convaincu dès l’âge de neuf ans qu’il sera chorégraphe, Peter Quanz fait ses premières armes au spectacle annuel de l’école où il danse en amateur. À 16 ans, il intègre la Royal Winnipeg Ballet School et opte pour le ballet au détriment de la danse contemporaine, apprenant à diriger des danseurs en chorégraphiant ses pairs.

"Quand tu travailles en ballet, tu suis la tradition d’une certaine façon parce que tu dois t’approprier un vocabulaire existant pour trouver de nouvelles images et de nouvelles combinaisons d’éléments divers, explique-t-il. Ça prend du temps pour qu’un style évolue. Les gens comparent parfois mon travail à George Balanchine ou à Frederick Ashton, mais plus je crée, et plus mon style se précise, se clarifie."

Lignes pures et angulaires, combinaisons de pas complexes exécutés sur le tempo de la musique, vitesse, asymétrie et abstraction font partie des caractéristiques de Balanchine, père du style néoclassique, disparu en 1983. Bâtissant sur son héritage, Quanz s’attache à assouplir les lignes de la partie supérieure des corps et renoue à sa manière avec la tradition narrative du ballet classique: dans Kaleidoscope, deux couples tissent une relation amoureuse avec plus ou moins de facilité.

"Le personnage le plus important de la pièce est le corps de ballet, déclare le chorégraphe. À la manière d’un choeur antique, il commente les relations des deux couples et, de ce fait, il contribue à les bâtir. Il m’a été inspiré par ma jeune soeur qui parle toujours de ses amoureux à ses amies qui, souvent, influencent ses décisions. Je pense qu’elle n’est pas la seule dans ce cas et j’avais le sentiment que le corps de ballet pouvait illustrer le manque de confiance dont font preuve certains jeunes qui choisissent ainsi de baser leurs décisions sur des avis extérieurs, même s’ils sentent que ce n’est pas le mieux pour eux."

Plutôt que de constituer le "décor mouvant" de l’intrigue, le corps de ballet y prend donc pleinement part, choisissant dans le second mouvement comment assembler les couples et offrant souvent un contrepoint aux solistes en reprenant leurs pas. Créée en 2005 pour l’American Ballet Theater, la pièce a subi quelques modifications: la scénographie et les éclairages ont été bonifiés, les rôles ont été adaptés à la personnalité des danseurs montréalais et des difficultés techniques ont été ajoutées aux partitions des solistes. Elle sera dansée sur la musique de Camille Saint-Saëns, interprétée par l’Orchestre des Grands Ballets Canadiens, dirigé par Allan Lewis.

Anton Webern et Igor Stravinski sont les compositeurs des oeuvres de Balanchine au programme de la soirée. Créée en 1957, Episodes illustre bien la malice qui ponctuait les oeuvres très structurées de ce Russe émigré aux États-Unis à 29 ans. Quant à Rubies, qui date de 1967, elle présente un portrait coloré et divertissant de New York, où Balanchine participa à l’épanouissement de la comédie musicale.

Du 22 au 31 mai
Au Théâtre Maisonneuve de la PdA