Busker's Opera : Dernier droit
Scène

Busker’s Opera : Dernier droit

Martien Bélanger et Véronika Makdissi-Warren figurent parmi les 10 compositeurs-interprètes du Busker’s Opera de Robert Lepage. Mots de la fin.

Après s’être vu refuser les droits de L’Opéra de quat’ sous, qu’ils avaient tout de même présenté au Carrefour en 2002, Robert Lepage et son équipe ont décidé de retourner aux sources en adaptant à leur tour l’oeuvre dont Brecht s’était inspiré pour créer son classique, soit L’Opéra des gueux de John Gay. Ce faisant, ils ont conservé les personnages, mais transformé l’histoire, qui se déroule désormais aujourd’hui. Ici, Macheath devient une pop star sur le déclin, partant en tournée avec un musicien de rue (busker) recruté par Peachum, son agent. "À travers ça, on critique le star-system, l’industrie musicale, avec les droits d’auteur et tout, à qui ça appartient, à qui ça donne de l’argent", explique Véronika Makdissi-Warren. Un parti pris bien légitime, compte tenu de ce qu’ils ont vécu. "Il y a de la satire partout, constate-t-elle. Mais je trouve la finale touchante; tout d’un coup, ça change. C’est intéressant qu’on soit capable d’en arriver là, malgré ce qui se passe avant."

À ce propos, disons simplement que de Londres, qu’il doit fuir pour sauver sa peau, jusqu’au couloir de la mort, leur antihéros arpente les États-Unis en multipliant frasques et conquêtes. "Finalement, ce sont les styles de musique qui nous indiquent où on se trouve", poursuit la comédienne. "C’est comme un décor", précise Martien Bélanger. "Au lieu d’être un road movie, il s’agit d’un road music", résume sa collègue. Ainsi y retrouve-t-on une grande diversité musicale et les chocs que cela suppose. "Certains ont écrit qu’on touche à tous les styles qui ont influencé le XXe siècle… C’est impossible", s’exclame le directeur musical avant de reconnaître qu’ils en explorent quand même pas mal, au gré d’une trentaine de compositions et de variations autour de certains thèmes de L’Opéra des gueux. Quant aux textes, les quelques réaménagements que Kevin McCoy a dû leur apporter demeurent dans l’esprit de l’original, c’est-à-dire un vieil anglais tout ce qu’il y a de poétique.

Au terme de la tournée qui les a conduits un peu partout dans le monde, les deux comédiens-musiciens-chanteurs remarquent que le public semble généralement impressionné par la polyvalence dont ils font preuve, mais aussi par leurs talents respectifs, alors que "la création de chacun des personnages a mis en valeur chacune des personnalités", rappelle Martien. De plus, le Busker’s se démarque en ceci qu’ils ont tous mis la main à la pâte. "Même l’instrumentation aurait été différente si nous avions eu un seul arrangeur, observe Véronika. Il s’agit d’un collectif; c’est ce qui en fait la force." Voilà qui n’a pas non plus été sans orienter la direction musicale. "Je me suis souvent demandé pourquoi Robert m’avait choisi alors que d’autres possédaient plus d’expérience que moi. Je me suis dit que ce qu’il voulait, c’était qu’on forme un groupe, se souvient Martien, qui a joué dans plusieurs bands. Mon rôle était de rassembler tout le monde." "C’est vraiment la gang qui fait le show, renchérit Véronika, la réunion de ces 10 personnes passionnées"… qui vivront devant nous, et certainement avec beaucoup d’émotion, la fin de cette intense aventure.

Du 22 au 26 mai
Au Théâtre de la Bordée
Dans le cadre du Carrefour international de théâtre
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