Enrique Diaz : Réalités multiples
Scène

Enrique Diaz : Réalités multiples

Enrique Diaz, comédien et metteur en scène brésilien, conçoit Seagull-Play comme un commentaire sur La Mouette de Tchekhov, une incursion entre la représentation et son exploration.

Après un passage à Québec dans le cadre du Carrefour international de théâtre, le Brésilien Enrique Diaz débarque à Montréal pour présenter Seagull-Play, son adaptation très libre du classique de Tchekhov. Avec sa bande, le créateur a choisi de mettre en lumière l’envers du décor, de nous convier à une répétition où s’entrelacent la pièce et le travail des artistes. Comme si la meilleure façon d’aborder cet auteur était de proposer, plutôt qu’une vision unique, une exploration des possibles. "Tchekhov travaille sur la simplicité mais il est très complexe, explique le metteur en scène. Si tu crois l’avoir saisi, tu te trompes. Cette matière est tellement vivante que ce n’est jamais fini."

Ainsi ont-ils imaginé une formule leur permettant d’y aller de leur propre réflexion sur le théâtre, tout en jetant un éclairage nuancé sur des personnages qui, eux-mêmes, partagent ces préoccupations. "Les acteurs et les concepteurs ont travaillé en collaboration. L’idée était d’établir un champ de création. Nous avons fait plusieurs ateliers, avons beaucoup échangé sur les possibilités du texte, eu une grosse discussion sur l’art, sur le temps, sur nous-mêmes, et commencé à improviser, raconte Diaz en soulignant l’importance du caractère collectif de l’exercice. Nous jouons la pièce et nous parlons de la pièce, de cette période, en les mettant en relation avec nos vies, notre époque; nous y intégrons nos propres expériences et émotions. Je dirais qu’il s’agit d’un spectacle quantique, en ce sens que les acteurs, les personnages et le style changent constamment; il y a multiplication des points de vue."

Diaz confesse un penchant pour tout ce qui a trait à l’interprétation. "Un des aspects fondamentaux de la pièce réside dans ce jeu entre les acteurs qui construisent et déconstruisent des réalités. Ce qui fait que les personnages flottent en quelque sorte à l’intérieur de ce champ; ils restent dans l’air, changeant, dansant, et nous en saisissons des fragments. Mais ça n’a rien d’un vidéoclip. Nous racontons l’histoire; seulement, en même temps, nous parlons de ce que c’est que de jouer."

Puis l’homme précise ses intentions: "Ce qui compte, pour nous, c’est de demeurer très honnêtes. Nous ne cherchons pas à avoir le dernier mot sur Tchekhov ou sur le théâtre contemporain. Seagull-Play est le résultat de notre expérience; il s’agit simplement de parler de nous, de la vie, de notre profession et de ce que nous avons appris au sujet de l’auteur en travaillant sur le texte. Nous n’avons pas abordé ce classique comme un classique, mais comme quelque chose que nous voulions ouvrir et où nous voulions faire de la place pour le questionnement. Je crois que c’est très vivant car nous y injectons de l’air pour penser, respirer et renouveler le regard." De quoi inspirer, non?

Du 28 au 31 mai
À l’Usine C
Voir calendrier Théâtre