Galin Stoev : Vertiges
Scène

Galin Stoev : Vertiges

Après l’ébouriffant spectacle Oxygène, Galin Stoev revient à la charge avec un autre texte renversant d’Ivan Viripaev, Genèse n° 2. Rencontre matinale avec l’homme de théâtre.

Le metteur en scène bulgare maintenant installé à Bruxelles Galin Stoev convie une fois de plus le public ottavien à visiter l’univers remuant du jeune auteur russe Ivan Viripaev. Après avoir monté Les Rêves et Oxygène du même auteur, le metteur en scène a en quelque sorte le sentiment de compléter avec Genèse n° 2 une trilogie thématique. De par le traitement de la langue comme une matière en mouvement, de par l’exploration – comme dans Oxygène – d’une histoire biblique pour la déconstruire et enfin, de par la relation entre le spectacle et le public, Galin Stoev se trouvait en terrain connu, bien que selon lui, tout soit toujours à recommencer.

La genèse même du spectacle Genèse n° 2 s’avère des plus mystérieuses. Elle prend racine le jour où Ivan Viripaev reçoit, par l’entremise d’un médecin de sa connaissance, une pièce de théâtre écrite par Antonina Velikanova, une femme schizophrène internée dans un hôpital psychiatrique. Cette ancienne professeure de mathématiques raconte dans une lettre – sur laquelle s’ouvre le spectacle – qu’un jour elle s’est surprise à comprendre foncièrement le sens de la phrase de Shakespeare "Le monde est un théâtre et les gens sont les acteurs." À partir de cette prémisse, elle écrit une pièce où Dieu, alias son médecin, et la femme de Loth, elle-même, s’entretiennent des grandes questions existentielles. Ivan Viripaev décide de ne rien changer à ce "délire complet", si ce n’est deux choses: l’introduction de couplets comiques entre les scènes dites "tragiques" et l’ajout de la correspondance qu’il a entretenue avec Antonina. "Le texte est écrit comme une espèce de labyrinthe. Il y a quelque chose qui fait semblant d’être une histoire et après, il se trouve que c’est quelque chose de complètement différent. Il y a cet effet de réflexions dans le miroir qui ne s’arrête jamais", illustre Galin Stoev.

En résulte un texte fort humoristique qui mêle les styles dramatique, documentaire, épistolaire et poétique. Le metteur en scène a profité de sa construction en partition musicale pour remplir l’espace indéfini du texte avec, notamment, la présence sur scène de trois musiciens – un violoniste, un violoncelliste et un accordéoniste – qui rythment la présentation. Les comédiens – Céline Bolomey et Antoine Oppenheim d’Oxygène et Vincent Lécuyer – occupent l’avant-scène et s’adressent directement au public. "La relation entre le spectacle et les gens m’intéresse beaucoup. Cette approche explore la notion d’ici et maintenant et crée des rencontres en temps réel. Et ça, c’est la chose la plus vivante que je peux m’imaginer dans notre every day life", relève celui qui anima le huitième laboratoire de mise en scène du Théâtre français, portant sur son approche particulière du personnage.

Dans la seconde partie, les lettres qu’ont échangées les deux auteurs montrent le processus menant à la création d’un texte. "On peut ainsi dire que c’est un spectacle qui raconte la genèse d’un texte. En vérité, pour nous, Genèse n° 2 n’est pas un spectacle ni une pièce de théâtre. C’est une tentative de mettre en scène un texte qui n’est pas "montable"! Est-ce un échec, est-ce positif? Je ne sais pas, mais il y a une sorte d’ambiguïté qui reste indéfinie", conclut le metteur en scène.

Jusqu’au 24 mai
Au Studio du CNA
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À voir si vous aimez / Oxygène d’Ivan Viripaev