Pi… ?! : Revenir à la vie
Scène

Pi… ?! : Revenir à la vie

Avec Pi… ?!, une pièce de Christian Bégin mise en scène par Marie Charlebois, Les Éternels pigistes font un retour fracassant.

Il y avait déjà quatre ans que Les Éternels pigistes ne nous avaient rien donné à se mettre sous la dent. En 2003, Mille feuilles procédait à une critique mordante mais surtout désopilante d’une société obsédée par la consommation et la communication. Ces jours-ci, le collectif défend une pièce de Christian Bégin sur les angoisses viscérales de l’être humain. Tout en inscrivant leur spectacle dans la droite lignée de ce qu’ils ont fait auparavant, les créateurs de Pi… ?! arrivent à se réinventer.

La facture de la pièce est assez classique. À la suite d’un accident de voiture, Emmanuel (Bégin), chef cuisinier, est déclaré cliniquement mort pendant 17 minutes. Huit mois plus tard, de retour dans son chic appartement, plus irrité que jamais par les mensonges qui l’entourent, l’homme cède aux supplications de sa femme Gabrielle et accepte de recevoir des amis à souper. Il ne pose qu’une seule condition: ne pas parler de l’accident. Évidemment, il ne sera question que de ça.

Autour de la table, il y a Pierre-Louis et Sue, un professeur de cégep pédant (Pier Paquette) et sa conjointe, charmante horticultrice d’origine états-unienne (Isabelle Vincent). Malgré les efforts de Gabrielle, déterminée à faire de cette soirée une réussite, le repas prendra rapidement une tournure complètement délirante. Surtout à partir du moment où Marc, le frère schizoïde de Gabrielle (Patrice Coquereau), fait irruption. Véritable fou du roi, cet homme, obsédé par la mort, dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Grâce à lui, mais aussi à l’alcool et à quelques jeux de société pour le moins révélateurs, les personnages vont graduellement déballer leurs peurs les plus profondes. La mort, la solitude, l’abandon, le vieillissement du corps et de l’âme… tout y passe.

Bien sûr, on rit beaucoup. Mais pas seulement. Par moments, l’écriture est remarquablement juste, étonnamment sensible. Notamment dans les bouleversants monologues de Sue et Gabrielle, des passages avec lesquels Vincent et Charlebois offrent les plus beaux moments de la soirée.

Après Circus minimus, où il donnait une voix de stentor à un clown très en colère, Bégin prouve qu’il peut incarner et nuancer ses préoccupations dans toute une galerie de personnages, une faune attachante à laquelle le talent des comédiens et la direction inspirée de Marie Charlebois donnent beaucoup de relief.

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