Dave Jenniss : Retrouver ses repères
Le Théâtre Ondinnok dévoile Wulustek, une pièce de Dave Jenniss qui met en scène la quête identitaire d’une communauté autochtone.
Le Théâtre Ondinnok a été fondé, en 1985, pour que s’épanouisse la culture autochtone sur la scène théâtrale contemporaine. Après plusieurs créations originales telles que Le Porteur des Peines du monde, Le Voyage au Pays des Morts, La Conquête de Mexico ou encore Ukuamaq, la compagnie nous revient avec Wulustek, une première pièce de Dave Jenniss. L’auteur et acteur joue ici aux côtés d’Yves Sioui Durand, de Catherine Joncas, Marie-Évelyne Baribeau, Charles Bender et Marco Collin. Le metteur en scène et comédien d’origine bulgare Peter Batakliev orchestre le tout.
Wulustek, c’est l’histoire de la famille Miktouch qui, chaque automne depuis cinq ans, se réunit aux abords de la route 230, près du village de Saint-Timothée. Le but? Revendiquer au nom de sa nation – les Malameks – ce morceau de terre qu’elle considère ancestral. "Le lieu de rassemblement et la communauté ont été inventés pour rejoindre le plus de gens possibles, explique Jenniss, qu’on a notamment pu voir dans la pièce Wigwam du Théâtre des Confettis. Les membres de cette famille revendiquent cet endroit parce que le grand-père y a déjà vécu." Le hic, c’est qu’une compagnie forestière a récemment décidé de raser le territoire. "Chaque personnage va réagir différemment à ce problème, ajoute le jeune comédien natif de Trois-Pistoles. Marc, que j’incarne, considère ce terrain comme son dernier repère."
Pour l’écriture de sa pièce, Jenniss avoue s’être inspiré de l’histoire de son peuple, les Malécites. "Notre communauté, reconnue par le gouvernement du Canada en 1989, est éparpillée un peu partout dans la province. Notre langue et notre culture se sont perdues. Ici, j’ai voulu montrer la difficulté de se réapproprier une identité que l’on n’a jamais vraiment connue." Puis il ajoute: "J’ai des amis amérindiens qui auraient envie de crier: "Nous sommes là! Nous avons aussi une culture et nous voulons la partager avec vous." Mais, quand on parle des Amérindiens, c’est souvent pour évoquer les problèmes."
C’est dans le cadre d’un atelier de théâtre, organisé par Ondinnok, que Jenniss a fait la connaissance d’Yves Sioui Durand et de Catherine Joncas. "Lorsque je les ai rencontrés, en 2002, j’ai découvert la spiritualité et les traditions amérindiennes. Je voulais être comédien, et ils m’ont donné ma première chance." Le jeune homme, qui en est à ses premiers balbutiements en tant qu’auteur, soutient que Wulustek a été conçu sur le modèle de la création collective.
"J’ai écrit les dialogues à partir de séances d’improvisation. Les comédiens ont improvisé en s’inspirant d’un canevas que j’ai imaginé avec Peter Batakliev. Les répliques sont crues et réalistes. Elles ont une tonalité québécoise, parce que c’est ainsi que l’on parle chez nous, dans le Bas-du-Fleuve. Pour moi, c’était essentiel de garder cette vérité dans les mots." Voilà une belle occasion de sonder l’âme d’une nation trop souvent oubliée.