Esteban : Les métamorphoses
Stéphane Crête se fait visiblement plaisir avec Esteban, le cabaret théâtro-musical exubérant qu’il présente à l’occasion du OFF.T.A.
Il est omniprésent dans l’édition 2008 du rebelle festival. Après le Cabaret insupportable et la nuit d’ouverture, l’irrévérencieux Stéphane Crête présente son premier spectacle solo, Esteban. Un spectacle de variétés, multidisciplinaire et délirant, dans lequel il démontre plus que jamais sa polyvalence.
Il s’appelle Esteban. Cheveux longs et frisés, en broussaille, il porte un jean serré et délavé. Il joue du clavier, ondule du bassin et chante l’amour de sa voix suave. Ou peut-être est-il plutôt un chanteur-trompettiste disco, un as du lip-synch ou un mime lubrique? Esteban est en fait une bête de scène hybride, se métamorphosant à chaque numéro pour offrir le meilleur de lui-même.
Spectacle-cabaret humoristique et multidisciplinaire, Esteban est grinçant et savoureux. Stéphane Crête utilise le mode parodique pour se moquer allègrement de tout et de rien, évitant la plupart du temps le piège de la grossièreté. On lui pardonnera donc les quelques intrusions de scatologie primaire, entre autres cette chanson dans laquelle il affirme, tout sourire, qu’il veut "uriner sur un corps ensanglanté". Car dans l’ensemble, ses personnages sont délicieusement caricaturaux, pleinement investis dans la performance et séduisants de pathétisme. Ses chansons déclamatoires sur fond de musique atmosphérique des années 80 sont hilarantes. Après un solo de trompette à la finale étonnante, il récite l’alphabet en version soul ou devient un rockeur masqué plutôt hardcore, éloquemment incompréhensible.
Les changements de costume en coulisses font vivre au spectateur une attente fébrile et rendent les retours sur scène doublement spectaculaires. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Stéphane Crête a le magnétisme nécessaire pour galvaniser ses spectateurs.
Il ne faut peut-être pas en demander plus à un spectacle visiblement conçu de manière spontanée et conviviale, sans prétention aucune. Mais tout cela souffre tout de même d’un léger manque de structure, la succession de numéros sans transitions peut devenir lassante au bout d’un moment. Mais parions que Crête ne renoncera pas de sitôt à la forme cabaret et qu’il approfondira encore ce langage qui lui sied à merveille. Il est permis de l’espérer.
Jusqu’au 31 mai
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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