Johanne Madore : Accélératrice de particules
Johanne Madore nous entraîne dans une aventure poético-philosophique. Pour le spectacle 2008 des finissants de l’École nationale de cirque, elle ose la lenteur en contraste avec d’explosives performances.
Artiste multidisciplinaire à l’imagination féconde, Johanne Madore a le don d’exalter la puissance du corps et d’en révéler le mystère dans des spectacles poétiques où les disciplines se mêlent et où tous les éléments s’intègrent harmonieusement. Pour celle qui a oeuvré à des productions de compagnies telles que Carbone 14, Ex Machina, 4D art, Cirque Éloize ou O Vertigo, n’avoir qu’un mois pour monter un spectacle ne change rien aux exigences.
"Je veux amener les mêmes éléments et les mêmes défis que si j’avais une année pour créer, affirme-t-elle. Une des difficultés, c’est que la plupart des élèves sont habitués à travailler seuls et qu’ils se retrouvent soudain dans un processus de groupe où ils sont quasiment tous toujours sur scène. Il y a donc tout un travail de prise de conscience de l’espace et de l’autre."
L’autre, il est justement au coeur de ses Mandalas du désir où Madore met en scène un mathématicien se demandant s’il est possible de résoudre le désir dans un théorème physique. Observant la force gravitationnelle des corps jetés les uns contre les autres ou lancés dans les airs, il tente de décrypter le sens des figures qui se font et se défont sous ses yeux.
"Les premières images qui ont surgi quand j’ai vu les numéros des élèves sont celles de mandalas et d’un accélérateur de particules, commente la chorégraphe-metteure en scène. Les mandalas sont des organigrammes du cosmos, des sortes de labyrinthes philosophiques qui répondent comme un miroir à nos états intérieurs. La scène, c’est pareil pour moi: c’est le lieu d’une métaphore de la vie où rien n’est permanent ni tangible, comme dans l’univers."
Quand elle écrit le scénario du spectacle en collaboration avec le plasticien Pierre Przysiezniak, Madore conçoit d’emblée des projections au sol et en fond de scène. Mais plutôt que d’utiliser les images classiques de mandalas tibétains ou hindous, elle va chercher des représentations de particules subatomiques. L’atmosphère stellaire ainsi créée est renforcée par la musique souvent planante, concoctée par Éric Forget, et par la fluidité de performances hypnotiques qui oscillent entre contemplation et accélérations forcenées.
"Il y a beaucoup de va-et-vient entre l’intériorité et des moments d’explosion, ce qui n’est pas facile pour les performeurs, assure Madore. Je leur demande d’être à fleur de peau, sensuels, à l’écoute de l’autre et leur dit qu’il ne faut pas avoir peur d’habiter la lenteur. Parce que la lenteur, c’est révolutionnaire aujourd’hui!"
La lenteur n’empêchant nullement l’action, il y en aura plus d’une entre ce spectacle et celui sur l’amour intitulé Les feuilles mortes et mis en scène par Peter James. À eux deux, ils présenteront les prouesses des 16 finissants de l’École nationale de cirque et de leurs collègues de 2e année dans des numéros de main à main, trapèze, contorsion, fil de fer, jonglerie, équilibres, roue allemande, etc. Dehors, les étudiants de 1ère année assureront l’animation avant et après le spectacle sous la houlette d’Alain Francoeur.
Jusqu’au 14 juin
À la Tohu
Voir calendrier Cirque
CIRQUE AKYA
Après avoir présenté une centaine de spectacles à travers la province depuis 2006, la troupe foraine du Cirque Akya est à Montréal cet été. Jusqu’au 29 juin, à l’île Bonsecours des Quais du Vieux-Port de Montréal, les saltimbanques vont raviver chez nous la tradition du cirque ambulant. Présenté sous un chapiteau intimiste de 230 places, le spectacle des Productions Éclats de Rire se déroule dans une ambiance typique des cirques forains européens. À la tête de l’événement, on trouve Nicoletta, un clown blanc. À ses côtés, Chocolat, son clown noir de mari, évoque tout le contraire de la grâce et de la douceur de sa femme. Fauteur de trouble et joueur de tours, il enchaîne les gaffes, les moqueries et empêche le bon déroulement du spectacle. Au Cirque Akya, on a toujours le coeur à la rigolade. On se lance des couteaux, on se tire la langue et on s’arrache les jambes… sans jamais perdre le sourire. Info: www.cirqueakya.com.