18e Festival Fringe : Passer à l'âge adulte
Scène

18e Festival Fringe : Passer à l’âge adulte

Le 18e Festival Fringe fête dans l’abondance avec une programmation bilingue de 90 spectacles, de quoi désarçonner le plus aguerri des festivaliers. Voici les spectacles francophones qui suscitent notre intérêt.

On conseillera d’abord au spectateur désorienté d’assister au talk-show quotidien du Fringe, histoire de tâter l’ambiance et de voir quelques extraits de spectacles à venir. À ceux qui voudraient profiter du Fringe pour découvrir des artistes étrangers, on suggère plutôt la soirée Out-of-Towner Fringe-For-All, où chaque compagnie étrangère aura 30 secondes pour se mettre en scène.

Mais le Fringe, c’est surtout l’occasion de découvrir des talents locaux. On pourra se frotter aux nouvelles dramaturgies d’ici avec Le Grand Froid, premier texte dramatique de Guillaume Corbeil, qui traite de notre rapport au monde du travail. Dans une veine plus intimiste, Édith Patenaude propose Les Arbres, une histoire de deuil en territoire nordique, et Stéfan Perreault, un habitué du Fringe, met en scène son premier texte, Scènes de lits, une variation sur le thème fertile des relations de couple. Sarianne Cormier et Amélie Dallaire choisissent plutôt la forme du huis clos dans Les Dames, création qui entremêle les destins d’étranges frangines. Dans les habits de Mademoiselle Lafleur, Julie Lallier, une autre habituée du Fringe, aborde l’enseignement et la communication sur un mode absurde. S’inspirant de mythes inuits, le Théâtre du Ventricule Gauche propose Toundra Colada, un spectacle qui s’annonce fort poétique.

Le Fringe, c’est aussi le lieu d’émergence d’un théâtre trash et marginal. L’Inavouable, du Théâtre Éphémère, s’inspire de témoignages fétichistes, et Acné japonaise, de Koutaishihi Kami dans une mise en scène de Catherine Vidal, pose une question toute orientale: la violence, la cruauté et la vulgarité sont-elles codifiables?

Ceux qui cherchent à se dilater la rate ne seront pas en reste. La farce policière L’Inspecteur Drive rapplique, suite de La Dernière enquête de l’inspecteur Drive présentée l’an dernier, promet d’hilarantes péripéties sous la gouverne de Véronick Raymond. On attend aussi la nouvelle mouture de Portalaphrapon, spectacle délirant pour lequel Michel Gatignol avait remporté le prix du meilleur texte francophone au Fringe 2006. Les marionnettes seront aussi de la partie: Shavirez, le tsigane des mers explore les fonds marins avec humour et ingéniosité, alors que les personnages horripilants d’Arthur Desmarteaux jouent Le pays qui n’existe pas, une fable ludique et engagée.

Le Fringe reçoit aussi son lot de spectacles hybrides. Apnée, de Nathalie Baroud, propose, par l’alliage du geste et de la vidéo, une plongée dans l’espace mental d’une comédienne angoissée. Avec Charlotte du Mexique, Lori Hazine Poisson opte pour la forme performative. Et la compagnie Toxique Trottoir crée une installation théâtrale, Le musée des vieux animaux québécois, un spectacle qui revisite les fondements de l’identité québécoise en cette période trouble d’accommodements raisonnables. Le Fringe, c’est tout ça et plus encore. Tous les détails au montrealfringe.ca.

Jusqu’au 22 juin
Divers lieux
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EN MARGE DE LA MARGE

Comme si la marée de spectacles du Fringe ne suffisait pas, le Festival Infringement propose au même moment sa programmation éclectique. Contre la monoculture et pour l’activisme artistique, l’Infringement vous convie à des concerts, des soirées de poésie, des performances, des débats, des expositions et des projections de court métrage. En théâtre francophone, deux créations de Céline Chevrier et Andréanne Thiboutot ressortent du lot. Dans The Boot Party, le gumboots est la trame de fond d’un hommage aux victimes de l’apartheid, alors que le plus rigolo Hoola Vache est une rocambolesque épopée western dans l’Amérique profonde, jeu clownesque et cabrioles compris. Info: www.infringementfestival.com.