James Hyndman et Laurent Paquin : Les deux font la paire
Scène

James Hyndman et Laurent Paquin : Les deux font la paire

James Hyndman et Laurent Paquin consacrent tout leur été à L’Emmerdeur, une pièce de Francis Veber mise en scène par Carl Béchard.

L’action de L’Emmerdeur, une pièce de Francis Veber adaptée par Jean-Philippe Pearson et mise en scène par Carl Béchard, se déroule dans deux chambres contiguës d’un petit hôtel du Vieux-Montréal. Dans l’une, Ralph Milan (James Hyndman), tueur à la solde de la mafia, attend patiemment à la fenêtre que sa cible, un certain Randoni, passe dans sa ligne de mire. "L’organisation" compte sur lui pour se débarrasser de ce témoin gênant. Dans l’autre, un certain François Pignon (Laurent Paquin) en pleine déprime pense au suicide et s’apprête à passer à l’acte. Il va trouver en Ralph un nouvel "ami"… et un nouveau souffre-douleur. Bien entendu, la rencontre entre les deux individus va changer le cours des choses!

JAMES HYNDMAN

Voir: Qui est Ralph Milan?

James Hyndman: "C’est un professionnel! Un tueur à gages habitué à ce que les choses marchent rondement, comme il les a planifiées. Disons qu’il n’a pas le sens de l’humour. Il a réponse à tout, beaucoup d’instinct et de ressources intérieures pour faire face à l’adversité, aux obstacles et aux imprévus. Disons qu’il sait gérer. Mais là, dans cet hôtel, plus il gère et moins ça va bien. Ça arrive de toutes parts. Il y a le garçon d’étage, la femme de Pignon, son amant psychiatre. Mais il y a surtout Pignon, qui s’avère incontrôlable. Ralph va utiliser toutes les ressources qu’il a à sa disposition pour régler ce cas, mais c’est Pignon qui aura le dessus."

Comment expliquez-vous le succès des oeuvres de Francis Veber?

"C’est chaque fois le même procédé humoristique, implacable. L’innocent, candide, naïf, tenace, qui n’a absolument pas d’antennes pour comprendre ce qui se passe chez l’autre. En même temps, Pignon révèle la vraie nature des autres, il fait tomber les masques. Le calcul et la mesquinerie résistent rarement à l’innocence, à la pureté de l’innocence. Pignon n’est pas seulement candide, il a du coeur, il éprouve une sincère affection pour Ralph, une amitié que le tueur à gages a de la difficulté à comprendre mais à laquelle il est bien obligé de se résoudre. Disons que c’est une amitié désarmante."

Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé le rôle?

"J’ai tout de suite eu un sourire. Parce que je me remémorais le film. Je dois avouer que je l’ai vu plusieurs fois. Je suis un grand, grand fan de Lino Ventura, c’est un acteur que j’adore. Il pouvait jouer sur tous les tableaux. Pour moi, L’Emmerdeur, ça évoque tout un pan de la comédie populaire et du cinéma français, un humour formidable, bien fait, fin, jamais vulgaire."

Est-ce que votre physionomie joue en votre faveur?

"Laurent Paquin a une aura d’humoriste populaire et moi une aura d’acteur sérieux, dramatique. C’est sûr que ça sert nos personnages, ça nous aide. Personnellement, ça m’a pris des années à comprendre ce que je dégageais malgré moi et à commencer à pouvoir jouer avec ça. Au début, je pensais que je faisais doux comme un agneau et les gens me disaient que j’avais l’air d’un tueur. Cela dit, le comique, c’est une mécanique particulière. C’est beaucoup plus difficile que prévu. Ça demande beaucoup de timing, beaucoup de précision. En plus, comme le décor est séparé en deux, il faut développer une grande écoute de l’autre, de ce qui se passe de l’autre côté. Disons qu’il nous reste encore du travail."

Drame ou comédie?

"C’est comme si l’image de l’acteur dramatique me collait à la peau. Ce qui n’est pas plus mal. J’en ai beaucoup joué, j’aime beaucoup ça. Mais, depuis quelques années, j’ai l’impression de ne faire que du comique. Il y a eu cinq ans de Rumeurs, puis Le coeur a ses raisons, Les Hauts et les Bas de Sophie Paquin, et les Feydeau avec Brigitte Haentjens, Variations sur un temps de David Ives, avec Marc Labrèche et Anne Dorval. En fait, plus je fais du comique, plus je m’y sens à l’aise."

LAURENT PAQUIN

Voir: Qui est François Pignon?

Laurent Paquin: "Un homme déprimé. Sa femme vient de le sacrer là parce qu’elle s’emmerdait avec lui depuis huit ans. C’est un homme beige, sans envergure, ennuyant. Et le pire, c’est qu’il ne le sait pas. Il est aussi manipulateur, et pas nécessairement très intelligent, mais il finit quand même par être attachant et sympathique. On réalise qu’il n’est peut-être pas si con que ça. C’est-à-dire que le personnage a plusieurs couches. Mais bon, à la base, il est quand même con!"

Comment expliquez-vous le succès des oeuvres de Francis Veber?

"Il y a du génie dans cette écriture. Veber est le plus grand auteur de comédie que je connaisse. Il maîtrise parfaitement la dynamique du duo comique. C’est classique, il y a le clown blanc et l’auguste, mais c’est fait d’une manière unique. Les personnages ne sont pas unidimensionnels comme, admettons, Laurel et Hardy. Il y a dans L’Emmerdeur un sens extraordinaire du timing, un sens du punch, un sens de la répartie. Il n’y a pas de temps morts, rien d’inutile. En fait, c’est très musical."

Comment avez-vous réagi quand on vous a proposé le rôle?

"J’étais hyper-content. Parce que j’avais déjà manifesté auprès de l’équipe de Juste pour rire mon désir de faire du théâtre. Quand ils m’ont dit qu’ils avaient acquis les droits de L’Emmerdeur et qu’ils avaient pensé à moi pour jouer Pignon, j’étais emballé. Franchement, c’est un des plus beaux défis que j’ai eu à relever depuis le début de ma carrière. Et heureusement, j’arrive à ne pas trop penser à ceux qui ont joué le personnage avant moi."

Est-ce que votre physionomie joue en votre faveur?

"En effet, le clash entre James et moi est assez grand. Le casting montre à quel point les personnages sont différents. Quant à moi, le poster vaut à lui seul le prix du billet! Les deux personnages ont des caractères complètement opposés. Et c’est ça qui est extraordinaire. Reste que le défi, c’est d’arriver à faire en sorte que tout le monde parvienne à bien suivre tout ce qui se passe, que l’accent soit au bon endroit au bon moment. La pièce est assez courte. Chaque seconde compte. Si on respecte la musique de Veber, la représentation va peut-être durer 1 h 20, sans entracte. On va essayer de sortir de là un peu essoufflés et de faire en sorte que le public soit un peu dans le même état, sur le cul d’avoir assisté à autant de choses en si peu de temps."

Acteur ou humoriste?

"À un moment donné, j’ai fait un choix entre le métier d’humoriste et celui de comédien. Mais, à la base, j’ai beaucoup fait les deux, et j’aimais beaucoup faire les deux. Ce qui est étonnant, c’est que c’est maintenant l’humour qui me ramène au jeu. Parce que j’étais humoriste, on m’a proposé de faire de l’impro et c’est grâce à l’impro que j’ai décroché des rôles dans Histoires de filles et Chicago."

Du 25 juin au 19 juillet
Au Monument-National

Du 7 au 30 août
Au Chapiteau Saint-Sauveur