Région sauvage : Au bout du monde
Scène

Région sauvage : Au bout du monde

Avec Région sauvage, le Théâtre des Marguerites signe sa scénographie la plus inventive en six ans. Au programme: avion, précipice et rivière torrentielle! Le comédien Stéphane Bellavance raconte.

Depuis sa réouverture il y a six ans, le Théâtre des Marguerites s’est donné comme mission de monter des pièces originales, tant par leur histoire que par les valeurs qu’elles véhiculent. Il a par exemple épluché les tabous à propos des personnes rondes (Notre amour est trop lourd), a réfléchi sur les questionnements précédant l’arrivée d’un enfant (Ça va être gros!), a redéfini les règles de la beauté avec un duo de terroristes (Adieu beauté). Cet été, il opte pour Région sauvage, une comédie d’aventure mettant en scène quatre citadins à la recherche – en pleine forêt! – du domaine qui les rendra riches.

Ces pseudo-explorateurs, ce sont Roger Léger (le patron bourru d’une agence d’immeubles), Martin Héroux (un agent d’immeubles naïf), Louis-David Morasse (un notaire excédé par son travail) et Stéphane Bellavance (un responsable des communications très près de ses émotions). La présence de ce dernier parmi les comédiens peut étonner; il travaille habituellement à la mise en scène. "J’avais le goût d’essayer les planches de mon théâtre pour la sixième année", explique celui qui a confié sa tâche régulière à Olivier Aubin. "C’est sûr que je supervise un peu parce que je garde mon chapeau de directeur artistique. Olivier et moi, on se connaît depuis tellement longtemps que je suis tout le temps d’accord avec ce qu’il choisit. On s’entend très bien. Mais ça me fait effectivement un peu drôle de passer le chapeau à quelqu’un d’autre, quoique j’ai beaucoup de plaisir à jouer avec mes trois autres chums."

Comment pourrait-il ne pas s’amuser? Région sauvage s’articule autour de quatre collègues qui partent visiter "la" propriété qui mettra leur agence d’immeubles sur la map et qui engraissera leur compte en banque de nombreux billets. Or, pour se rendre au domaine, qui se trouve en pleine nature, les hommes d’affaires doivent prendre l’avion et, comble de malheur, il s’écrase! "Ils se retrouvent dans le bois alors qu’ils ne sont pas du tout équipés pour se promener en forêt. Ce n’est pas ça qui était prévu!" La chute de 40 pieds dans un précipice et le combat avec un ours ne figuraient sans doute pas plus à leur agenda. "Ils ont plein d’épreuves. C’est une espèce de Fort Boyard…" illustre Bellavance.

UNE FORET SUR SCENE?

Le quatuor affrontera malgré lui les dangers de la nature. On peut d’ailleurs se demander de quelle manière on les représentera sur scène. Car à la lecture du résumé de la pièce, on a vaguement l’impression qu’un terrain de jeu serait nécessaire. "Ce qui m’a fait choisir la pièce, c’est ça: les défis scéniques et scénographiques. Et de faire voyager le monde, de leur faire croire qu’on est vraiment dans une rivière, dans un canot ou sur le bord d’un précipice avec les moyens du théâtre, et non du cinéma. On joue avec un paquet de bébelles. Un moment donné, on est obligés de pêcher avec une épingle à couche! On simule la rivière du mieux qu’on peut pour que les gens puissent imaginer pour vrai ce qui se passe", souligne Stéphane Bellavance. "Cette année, j’avais le goût d’y aller avec une histoire bien simple. Mais sur le plan de la scénographie, de la conception théâtrale, on va super loin. Il n’y a pas de précipice de 40 pieds au Théâtre des Marguerites, alors il faut l’imaginer. Il faut trouver une façon de le faire. Disons qu’on n’agrandit pas la scène, mais on utilise la salle."

LE MESSAGE

Dans Région sauvage, Stéphane Bellavance incarne un agent de communications un peu "granole", toujours prêt à faire une thérapie pour unir le groupe. Qu’en est-il des autres personnages? "Les trois autres, ce sont des gens qui travaillent beaucoup, cellulaire à la main. Le message, s’il y en a un dans la pièce cette année, c’est de dire que quand on prend le temps de respirer, on se rend compte qu’il y a de belles affaires autour de nous, et ce n’est peut-être pas juste la nature, mais les gens avec qui on travaille depuis je ne sais pas combien de temps", répond le producteur du Théâtre des Marguerites.

DES GARS, PAS DE FILLE

Pour la première fois, le Théâtre a sélectionné une oeuvre qui met en vedette seulement des hommes. "En fait, ce qui est différent, c’est que nous sommes des chums. On se connaît depuis 15 ans et ça, ça change toute la dynamique. Des fois, quand on commence un show et qu’on se connaît plus au moins, ça prend du temps avant qu’on ouvre la machine; il y a une petite pudeur. Là, des pudeurs, il n’y en a pas vraiment."

Du 19 juin au 30 août
Au Théâtre des Marguerites