Spectacle 2008 de l'École nationale de cirque : Le feu et l'eau
Scène

Spectacle 2008 de l’École nationale de cirque : Le feu et l’eau

Peter James et Johanne Madore créent deux univers très différents pour le Spectacle 2008 des finissants de l’École nationale de cirque. L’un est plus heureux que l’autre.

Tout d’abord, Les Feuilles mortes. Peter James emprunte son titre à la célèbre chanson de Prévert qui l’a inspiré: c’est sous le signe de l’amour (souvent vache) et de la rupture que se déclinent la plupart des tableaux du spectacle en ouverture.

Une relation amoureuse sulfureuse se joue dans le numéro de main à main d’Antoine Auger et Geneviève Morin, la contorsionniste Leilani Lemuela Franco vit les affres de la manipulation, les trapézistes Uuve-Hanna Jansson et Aurélie Fléchais offrent les images polarisées de la candeur et de la déception, le désir frustré se lit dans les équilibres de Philip Rosenberg sur des mannequins en plastique, et l’inconsolable Olga Kosova accroche sa douleur aux mailles d’un filet aérien.

Malgré quelques ratés, les artistes prouvent qu’ils méritent leur diplôme et les élèves de deuxième année qui les accompagnent se révèlent aussi très prometteurs dans les acrobaties de groupe, parmi lesquelles un excellent numéro de double mât chinois.

La force du spectacle réside dans l’étonnant climat que James installe d’emblée et qu’il maintient par d’habiles transitions: dans un univers à l’esthétique baroque et surréaliste, il mêle ambiances foraines du siècle dernier en Europe (avec des animaux de cirque fort bien évoqués), atmosphère des cabarets allemands des années 30 (prégnante dans le numéro de Maria Terentieva au cerceau), et réalités contemporaines des artistes sur scène. Un spectacle bien ficelé dont tous les éléments sont parfaitement intégrés, jusqu’au final assuré par le jongleur Florent Lestage.

L’intellectualisme des Mandalas du désir de Johanne Madore vient, malgré quelques trouvailles, éteindre notre enthousiasme avec un scénario bancal dont le personnage principal est le charismatique équilibriste Naël Jammal. Cherchant à servir une plastique raffinée, Madore opte pour un groupe homogène dans ses couleurs et mouvements, gommant les différences au point de ternir la féerie du cirque et de parasiter certains numéros par une mise en scène trop étudiée.

C’est le cas pour les contorsionnistes Jenny et Sara Haglund et pour Frédéric Lemieux-Cormier avec la roue allemande. On parvient cependant à apprécier leurs prestations, comme celles de la fildefériste Natalie Good, de la trapéziste Danica Gagnon-Plamondon et de Hampus Jansson aux sangles aériennes.

Jusqu’au 14 juin
À la Tohu
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