Charlotte du Mexique, impératrice du Néant : Descente aux enfers
Scène

Charlotte du Mexique, impératrice du Néant : Descente aux enfers

Électrisante performance solo de Lori Hazine Poisson, Charlotte du Mexique, impératrice du Néant permet aux spectateurs du Fringe une incursion vibrante dans l’univers de Fernando del Paso.

Très peu connue du public et du milieu théâtral québécois, Lori Hazine Poisson n’en est pourtant pas à ses premières armes. Diplômée du Conservatoire de Paris et formée en théâtre corporel chez Maximilien Decroux, elle a joué dans plus d’une vingtaine de spectacles et en a mis en scène tout autant. Ce solo, Charlotte du Mexique, impératrice du Néant, elle le trimballe depuis déjà deux ans sur les scènes du Québec, de la France et du Mexique.

Adaptation par la comédienne d’un roman de Fernando del Paso (Noticias del Imperio), le spectacle met en scène Charlotte de Belgique (1840-1927), impératrice de l’empire français mis en place par Napoléon III au Mexique. Cousine de la reine d’Angleterre, soeur du duc de Brabant et femme de l’archiduc Maximilien Ferdinand d’Autriche, Charlotte vivra mal la défaite de l’empire et la perte de son mari. Seule en scène, vêtue de noir, vieille et malade, l’impératrice raconte sa vie tumultueuse. Le monologue, adressé à Maximilien, offre à l’actrice d’immenses possibilités de jeu, faisant voyager le personnage dans les différentes périodes de sa vie et le poussant davantage vers la folie. Hantée par le fantôme de Ferdinand, rongée par la maladie, assaillie de regrets, Charlotte plonge au tréfonds de l’existence. Un texte-fleuve qui demande un jeu de haute voltige.

Lori Hazine Poisson relève le défi avec brio. Disons-le, elle est virtuose. Par un sérieux travail corporel et vocal, l’actrice réussit à faire coexister en elle des états contradictoires: elle est à la fois jeune et vieille, autoritaire et tremblante, extatique et sèche, hilare et sanglotante. Plus elle raconte, plus son corps revit les émotions évoquées, en séquences très physiques qui la font se transformer, se rouer de coups ou retrouver en elle une animalité toute primitive.

Dommage que ce spectacle n’ait pas bénéficié d’une plus large diffusion. Et franchement, on aurait aussi envie de présenter la dame à quelques metteurs en scène montréalais.

Jusqu’au 22 juin
Au Théâtre La Chapelle
Voir calendrier Théâtre