Toundra Colada : Poésie nordique
La toute première production du Théâtre du Ventricule Gauche, Toundra Colada: un théâtre narratif, imagé et poétique qui ne demande qu’à mûrir.
Ils sont trois acteurs-créateurs – Olivier Fortier, Audrey Leblanc, Gabriel Léger-Savard -, c’est leur premier spectacle et ils avertissent que "c’est un fruit pas tout à fait mûr". Le spectacle, c’est vrai, n’est pas à point. Mais déjà, malgré l’aspect un peu scolaire de certaines expérimentations et le rythme légèrement hésitant de l’ensemble, les trois jeunes artistes ont une signature très personnelle. Ce n’est pas rien.
En s’inspirant de mythologies et de contes inuits, le Théâtre du Ventricule Gauche a trouvé une matière très poétique, et probablement inédite sur une scène de théâtre occidentale. Le choix d’une écriture strictement narrative, s’il rend justice aux contes d’origine, permet aussi un traitement scénique plus métaphorique et donne un souffle romanesque au spectacle. En se passant la parole, les acteurs manquent parfois d’unité et de fluidité, mais le potentiel théâtral du conte demeure. C’est très certainement une bonne piste, surtout lorsque la narration est si bien accompagnée par une trame sonore hivernale et d’inspirants chants a cappella.
Surtout, les créateurs ont choisi de laisser parler l’image. Ombres, masques, marionnettes et lumière font se profiler sur la toile blanche en fond de scène des figures mythiques de la cosmologie inuit, éclairées par un soleil englobant ou assaillies de métamorphoses. Le Théâtre du Ventricule Gauche n’invente rien, mais il porte le théâtre d’ombres à un paroxysme. Le troisième conte, récit en images de la croissance d’un embryon dans un plasma télévisuel, nous en convainc particulièrement. Manipulation fluide, effets de contraste, couleur chaude en arrière-plan, rythme lent et sacralisant: tous les éléments convergent pour nous faire vivre une riche expérience de théâtre d’ombres.
Certaines transitions, difficiles, rendent le spectacle moins digeste. Une séquence humoristique de théâtre d’objets sur table, certes agréable, tranche trop fortement avec le rythme vaporeux et narratif du reste du spectacle. Mais c’est tout de même une jeune compagnie à surveiller.
Jusqu’au 22 juin
À la Mission Santa Cruz
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