AnthonyKavanagh.com : Rentrer à la maison
Anthony Kavanagh retrouve son public québécois avec AnthonyKavanagh.com, un spectacle généralement banal.
Le 21 mai dernier, au Théâtre Olympia, un endroit où il est toujours inexplicablement épique d’atteindre son siège, Anthony Kavanagh livrait, avec 40 minutes de retard, la première médiatique de son plus récent spectacle. Pour faire patienter la foule, on avait, heureusement penseront certains, fait appel à des meneuses de claque. Disséminées dans les allées de la salle, elles agitaient vigoureusement leurs étincelants pompons et leurs généreux atours. Vous avez dit déplacé?
Créé en février dernier à Paris, le spectacle AnthonyKavanagh.com (adapté pour le Québec par Sylvain Larocque) marque le retour au bercail du célèbre humoriste après cinq ans d’absence. La séparation aurait-elle augmenté les attentes? Ou alors atténué la passion? Quoi qu’il en soit, le performeur avait bien peu de nouveauté à offrir à ceux et celles qui étaient au rendez-vous ce soir-là. Après quelques blagues sur ce qui a changé depuis son départ – le prix de l’essence, la virginité de Britney Spears, la solidité des viaducs, etc. -, l’humoriste s’engage dans le territoire on ne peut plus foulé des rapports hommes-femmes. On a droit à une ribambelle de clichés, banalités et autres stéréotypes sur les hommes et surtout, bien entendu, sur les femmes. Dans le registre, certains considéreront l’expédition de Kavanagh dans "une chatte qui n’est jamais passée par l’esthéticienne" comme un grand moment. C’est discutable. Presque sans arrêt, comme un leitmotiv, Kavanagh répète "Nous, les hommes…" et "Vous, les femmes…". Même lorsqu’il est question de la technologie, notamment des GPS, il écorche les femmes (le GPS SPM), mais aussi, il faut le dire, les Haïtiens (le GPS qui dort) et les médias: "Comment on appelle ça, un GPS qui ne fonctionne pas? Un TQS!"
C’est bien connu, dans la boîte à outils d’Anthony Kavanagh, le bruitage a toujours été un élément fondamental. Avec ce don, heureusement, l’humoriste donne à son spectacle quelques bons moments. Notamment celui où Jack Bauer, le héros de la télésérie 24, se retrouve confronté aux cinq harpies de Desperate Housewives. Multipliant les voix et les sons, Kavanagh nous en met alors plein les oreilles. Le passage où il fait parler son chien est aussi particulièrement désopilant. Vers la fin, le coeur dans la gorge, le comique, qui s’avoue lui-même "adulescent", s’attendrit et lance, en guise de conseil à l’enfant qu’il aura peut-être un jour: "Il n’y a rien de plus beau que de rentrer à la maison!"