Le musée des vieux animaux québécois : Swing la bacaisse
Scène

Le musée des vieux animaux québécois : Swing la bacaisse

En cette période d’accommodements raisonnables et de commémorations historiques, la compagnie Toxique Trottoir choisit l’autodérision pour revisiter l’identité québécoise dans un spectacle intitulé Le musée des vieux animaux québécois.

Les filles de Toxique Trottoir – Muriel de Zangroniz, Dominique Marier et Marie-Hélène Côté – oeuvrent depuis quelques années déjà dans le théâtre de rue. Si leur nouveau spectacle semble taillé sur mesure pour les festivités du 400e de Québec (où il sera repris en septembre), il correspond bien au Festival Fringe. Ludique, politique et convivial, Le musée des vieux animaux québécois est l’un des seuls spectacles francophones de la programmation à prendre la voie de l’engagement social.

Sous un chapiteau installé dans la cour du sculpteur Armand Vaillancourt, 25 spectateurs sont invités à découvrir le "musée". Castors empaillés et pièces d’artisanat en tricot sont enfin sortis de leurs boîtes poussiéreuses et dévoilés à la face du monde. On suit le guide, une Québécoise d’origine partiellement mexicaine qui porte un nom anglais, à travers cet étonnant bric-à-brac animalier.

L’originalité de la démarche de Toxique Trottoir réside dans l’utilisation judicieuse du langage des sciences animales pour parler du Québécois moyen. Son anatomie est étalée au grand jour, avec humour et fantaisie. Si le procédé fonctionne moins bien lorsque notre guide l’utilise pour dévoiler le vocabulaire caractéristique de l’animal (en un étalage superficiel de nos traditionnels blasphèmes), il est fort efficace pour exposer le spécimen dans son ensemble. On découvre ainsi, sculptée à même le bois, la pitoune québécoise, dont la réplique en chair et en os, Nancy Bouchard-Tremblay de Yamachiche, est justement parmi les spectateurs ce soir-là.

En général, la visite s’attaque allègrement aux traditions québécoises, interroge le rapport actuel aux immigrants et à la langue anglaise dans une tonalité festive et ironique. Les références au trouble identitaire national sont très justement transposées dans le contraste entre la guide néo-québécoise et la pitoune "de souche". Il aurait par contre été préférable d’en rester là. On rit un peu jaune devant la prise de bec qui survient entre les deux femmes vers la fin du spectacle, où sont exposés sans grande subtilité les pires clichés, de la Québécoise qui se gargarise de bière commerciale à celle qui cuisine la meilleure tourtière.

En somme, un moment de théâtre sympathique, qui fait sourire plus qu’il ne fait réfléchir.

Jusqu’au 20 juin
Chez Armand Vaillancourt
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