Shavirez, le tsigane des mers : Contre vents et marées
Scène

Shavirez, le tsigane des mers : Contre vents et marées

Shavirez, le tsigane des mers, gagnant du prix du Meilleur texte francophone au Festival Fringe, n’offre rien de moins qu’une délicieuse combinaison de marionnettes, de récits épiques et de fête gitane.

À l’accordéon, Amélie Poirier joue déjà des airs tsiganes quand les spectateurs font leur entrée. Belzébrute, qui se proclame band de théâtre, rejette l’épithète de troupe ou de compagnie. Et à voir la rapidité avec laquelle il transforme le calme respectueux de son public en joyeuse fête gitane, on n’hésite pas à lui donner raison.

Shavirez, le tsigane des mers, c’est une saga en quelque 70 épisodes, racontée dans ses grandes lignes, pleine de digressions et de raccourcis, mais tout de même digne des plus grandes épopées. Qu’elle soit jouée à l’aide de marionnettes ou par l’un des trois acteurs enfiévrés (Jocelyn Sioui, Caroline Fortin et Éric Desjardins), l’histoire du capitaine Shavirez et de sa quête identitaire contre vents et marées est traversée d’un souffle mythologique. Shavirez, pirate de haute mer, né d’une mère volage et d’un père inconnu, consacre sa vie à rechercher le trésor familial et l’identité de son père, affrontant l’ennemi et se nourrissant d’amour et d’eau fraîche. Ses péripéties sont jouées sur une table, dans une simplicité conviviale mais calculée.

Les trois acteurs ont un plaisir fou à varier la forme narrative. Ils sont à la fois conteurs et acteurs, tout en prenant leurs distances du récit pour mieux le commenter ou le déconstruire, avec intelligence et insolence. Ce qui donne lieu à de multiples décrochages, moments privilégiés où le public est directement interpellé. Les créateurs de Belzébrute pratiquent aussi à merveille la substitution de l’acteur à la marionnette. Le pantin et son manipulateur se croisent et se décroisent dans un rythme effréné. Jamais personne ne chôme sur cette minuscule scène. La force du spectacle est aussi de créer du mouvement par le jeu du troisième acteur situé en arrière-plan. Ce dernier se démène à créer des univers visuels et sonores pendant que ses deux comparses manient leurs épées à l’avant-scène. Les sens sont constamment stimulés.

Tout cela est saupoudré de nombreux clins d’oeil humoristiques et de gentils anachronismes, du naufrage du Titanic aux manifestations bruyantes de Brigitte Bardot. C’est simple, on en redemande.