Dario Larouche : À couple ment

Encore une fois, le couple en prend pour son rhume dans la prochaine mise en scène de Dario Larouche, présentée par le Théâtre 100 Masques. Paraphrasant Michel Corvin, Larouche explique ainsi l’amour selon Sacha Guitry (auteur de Nono): "C’est une sécrétion. Il n’y a pas d’états d’âme. On ne se préoccupe pas des remords, de la bienséance. C’est brut. C’est dur. C’est archicruel, Nono. Les personnages sont des monuments d’égocentrisme. Ils se laissent porter par leurs pulsions. Ils SONT des pulsions." Malgré cette impression de rudesse dans les tensions sentimentales de Nono, il ne faut toutefois pas s’attendre à une tragédie. "C’est dans la veine du vaudeville. Sauf que Guitry a atteint un degré de cynisme qui est resté depuis inégalé." Ne cachant pas son intérêt pour le dramaturge décédé il y a plus d’un demi-siècle, il avoue candidement en soufflant sur sa tasse de café: "Avoir pu le diriger, je l’aurais fait. Pourquoi pas…"

LES PREMIERES FOIS

Ce n’est pas un secret: le 100 Masques a évité de peu la fermeture, l’hiver dernier. La compagnie se donne l’été pour étudier son avenir. "On a un problème de positionnement dans le milieu. Fondamentalement, on était là pour la relève qui sortait de l’université. Mais le milieu a changé, est devenu très jeune. Presque tout le monde fait partie de la relève. Ce qui fait qu’aujourd’hui, notre mission peut presque être accolée à toutes les compagnies de théâtre. Comme on travaillait d’abord pour la relève, on s’est toujours permis de toucher à tous les genres. Alors notre mission n’a jamais été artistique." Une situation qui nuit à la compagnie, en particulier lorsque vient le temps de chercher la reconnaissance du milieu, ou de faire la demande de subventions.

Le 100 Masques se situe à un carrefour. La compagnie doit choisir le trajet qu’elle privilégiera au cours des prochaines années, et ne plus changer de cap. Ou alors décider de s’arrêter, se satisfaire du chemin parcouru jusque-là.

L’EXODE

Peut-être est-ce parce qu’il baigne dans une telle ambiance? Dario Larouche se sent lui aussi à la croisée des chemins. Il rumine les mêmes réflexions sur son avenir depuis quelque temps, passionné, mais pourtant hésitant. Enseigner? Étudier? Écrire? Jouer? Il a même pensé tout abandonner. Il a pourtant un immense bagage sous le bras. À preuve, il apprenait le 21 juin dernier que la pièce Les Reines, de Normand Chaurette, qu’il avait mise en scène au Mic-Mac en 2007, venait de remporter au Gala des Arlequins (Fédération du théâtre amateur du Québec) le prix de la meilleure production de l’année, ainsi que celui de la meilleure comédienne, décerné à Céline Gagnon.

Malgré cette bonne nouvelle, il envisage toutes les avenues avec sérieux. Il est même possible que l’on doive se passer de lui au cours de la prochaine année. Un poste ouvert dans une communauté francophone de Régina, en Saskatchewan, le ferait sortir d’un milieu où il se sent parfois à l’étroit.

Il faut dire que depuis qu’il tient un blogue, véritable monument boulonné de réflexions, de critiques et de nouvelles théâtrales, ses prises de position et son désir de mettre en question le théâtre dans la région lui ont attiré les foudres de plusieurs collègues. Les gens du milieu, semble-t-il, sont frileux à l’idée de se faire critiquer par l’un des leurs… Comment réagiront-ils à la nouvelle mise en scène de Larouche?

Nono
Du 3 au 19 juillet
À la salle Murdock
Voir calendrier Théâtre

À voir si vous aimez /
Madame et Le Choeur du pendu, de Dario Larouche
Le vaudeville

Citations célèbres de Sacha Guitry:

"Être fidèle, c’est, bien souvent, enchaîner l’autre."
"Je suis contre les femmes, tout contre."
"Le bonheur à deux, ça dure le temps de compter jusqu’à trois."
"On n’est jamais trompé par celles qu’on voudrait."
"Je me suis toujours demandé ce qu’on pouvait bien faire avec une femme en dehors de l’amour."
"Tout le talent de l’acteur consiste à faire éprouver aux spectateurs des émotions qu’il ne ressent pas lui-même."

Lien vers le blogue de Dario Larouche: lesclapotisdunyoyo.blogspot.com.