Femme de rêve : Vos désirs sont des ordres
Avec Femme de rêve, de Norm Foster, dans une mise en scène de Martin Faucher, le Théâtre Hector-Charland a tout misé sur une équipe de rêve.
Deux vieux amis. Le premier, Jean-Louis (Luc Guérin), est un romancier (à vau-l’eau) et un séducteur impénitent. Le deuxième, Denis (Martin Drainville), un statisticien célibataire menant une vie rangée et sans surprises. Quand le premier offre au deuxième une inscription dans une agence de rencontre, ils ne se doutent pas que la femme de rêve qu’ils ont décrite en 10 points apparaîtra devant eux. Si l’impétueuse jeune femme fait vite le bonheur de Denis, elle ne plaît pas autant à son vieil ami. Qu’à cela ne tienne, la femme de rêve, interprétée par Nathalie Mallette, se soumet volontiers à toutes sortes de métamorphoses…
Oui, cette histoire de femme parfaite créée de toutes pièces par des hommes en mal d’amour sent un peu le réchauffé. Mais sous la férule du dramaturge canadien Norm Foster, cette femme de rêve à la personnalité modulable permet des revirements de situation plutôt spectaculaires. Tour à tour imprévisible, hypersensible ou démesurément ambitieuse, la créature vit toute la gamme des émotions, se décompose et se recompose sur demande, devant l’air ahuri de ses créateurs. Un scénario qui colle bien à la scène estivale québécoise, d’autant plus qu’il est doté de personnages crédibles et riches, aux univers bien définis et contrastés qui provoquent inévitablement le rire en s’entrechoquant.
Mais soyons clairs, si la mise en scène de Martin Faucher est précise et rythmée, la production jouit surtout de la vive interprétation de son trio d’acteurs. Drainville et Guérin donnent à ce duo de vieux amis une couleur toute particulière. Leur complicité, celle de la fiction autant que celle de la réalité, transcende le plateau. Tous deux jouent les archétypes avec le bon dosage et ne tombent jamais dans le piège de la caricature. Dans un rôle exigeant malgré ses apparences de légèreté, Nathalie Mallette est épatante. Elle virevolte et se métamorphose avec précision et rapidité, en plus d’insuffler à son personnage une naïveté toute séduisante, et fort bien maîtrisée.