François-Xavier Demaison : Tête première
Scène

François-Xavier Demaison : Tête première

À l’occasion du Festival Juste pour rire, François-Xavier Demaison débarque pour la première fois au Québec avec Demaison s’envole, un spectacle solo qui a fait des ravages en France.

De fiscaliste à humoriste, il n’y a qu’un pas. Mais quel pas! "J’ai toujours eu la passion du spectacle, avoue François-Xavier Demaison dans le bar d’un chic hôtel parisien où il nous a donné rendez-vous. C’était là depuis l’enfance, refoulé au profit d’un métier plus sérieux, d’une grande école, Sciences Po, et d’un recrutement chez PricewaterhouseCoopers, un gros cabinet qui m’a envoyé à New York."

En effet, il y a environ sept ans, Demaison était encore un businessman. "Je voulais être conforme, faire plaisir à mes parents, à mon entourage. Pour moi, être saltimbanque, ce n’était pas respectable. Je pensais qu’être adulte, ça signifiait avoir des horaires de bureau. Et ma foi, ça se passait bien. Mon trip, à l’époque, c’était le capitalisme triomphant. Je me la pétais un peu. Je crois que j’étais devenu une caricature de moi-même."

Puis un jour, un jour pas comme les autres, Demaison est rattrapé par ses envies profondes. "Je dirais que j’ai eu une sorte de prise de conscience ou de choc un peu cathartique le 11 septembre 2001. J’ai réalisé que la vie était courte et que si on ne faisait pas ce qu’on aimait, ça ne servait à rien de vivre. Le fait d’avoir étouffé mon désir pendant plusieurs années, ça a fait que je me suis retrouvé avec une envie vitale de faire ce métier. C’était une question de vie ou de mort pour moi!"

C’est ce qu’on appelle quitter la voie tracée pour tracer sa propre voie. "Aujourd’hui, je suis vraiment heureux d’avoir fait le pas, lance Demaison. J’ai joué le spectacle 500 fois à Paris, je commence bientôt à le jouer en tournée et j’ai encore une semaine à l’Olympia en décembre. Je fais aussi beaucoup de cinéma (on a pu le voir récemment dans L’Auberge rouge et il incarnera bientôt Coluche dans un film d’Antoine de Caunes sur la candidature du célèbre humoriste aux élections présidentielles de 1981). Il y a plein de belles choses qui se profilent. Je suis un homme heureux. Vraiment, je dirais que la reconversion est totalement aboutie!"

UNE COCOTTE-MINUTE

Dans son spectacle, qu’il compare à une cocotte-minute, Demaison aborde son passé new-yorkais, ses patrons américains, le capitalisme, les séminaires où l’on doit entonner We Are the Champions avec conviction, mais aussi la bourgeoisie française, son enfance, ses souvenirs de cinéma et… les aventures d’un castor prénommé Bitou. Vous comprendrez qu’il n’est pas facile de définir le style d’humour pratiqué par Demaison. Pour le principal intéressé, c’est plutôt bon signe.

"Ce qui a fait que le spectacle a connu un succès si fulgurant, c’est que ça ne ressemble à rien. C’est Guy Bedos qui m’a dit que je ne ressemblais à personne, que mon style était original. C’est pas du stand-up, c’est pas des sketchs, c’est pas du théâtre, c’est pas du music-hall… j’emprunte un peu à tous les styles. C’est-à-dire que je m’adresse au public, je raconte mon histoire personnelle. Je fais vivre, à l’intérieur, des personnages qui, au bout d’un moment, prennent le pouvoir. À la fin, ça devient une espèce de feu d’artifice qui part dans tous les sens."

En somme, l’artiste ne cherche pas à s’inscrire dans une tradition en particulier, il ne s’interdit rien, assume sa folie, son insolence naturelle. "L’essentiel, c’est de faire rire le public et, éventuellement, de l’émouvoir. Ma démarche, c’est pas de plaquer une caricature, une vanne ou une grossièreté; ma démarche, c’est la sincérité. C’est-à-dire que mes personnages, ils existent pas s’ils existent pas vraiment. Par exemple, quand je joue le boxeur à la retraite, un vieux type des années 50, je suis habité, ému. En fait, je fais rire en étant ému. C’est vraiment une démarche qui part des tripes."

Du 7 au 12 juillet
À la Maison Théâtre
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