Snack-bar Chez Ben : Fausse route
Snack-bar Chez Ben met en scène le rêve américain: ses joies, ses peines et ses revirements de situation. Malheureusement, le tout manque cruellement de rebondissements.
Sur le mode tragi-comique, Snack-bar Chez Ben raconte l’échec d’une ambition. Dans les années 60, Ben réalise son rêve d’ouvrir un snack-bar, aux abords d’une autoroute 30 qu’il passera sa vie à attendre. Le restaurant en forme de gigantesque hamburger n’obtiendra pas le succès escompté, et deviendra le lieu de tribulations amoureuses et de déceptions criantes entre Ben, sa femme Pierrette et la jeune Tammy, blonde banlieusarde arrivée par hasard avec ses rêves illusoires de gloire et de vedettariat.
Échecs, ennui, déceptions, adultères et remises en question traversent ce récit qui s’échelonne sur plus de 40 ans et se termine sur une note d’espoir, dans une finale tout hollywoodienne. Chantal Lamarre a misé juste en adaptant à la québécoise ce texte américain de Sam Bobrick et Ron Clark dont la version originale débute dans les années 40 sur une route près du désert. Le contexte de l’autoroute 30 de même que le choix de situer l’action des années 60 à 2000 conviennent parfaitement à cette intrigue tripartite.
Cela dit, on se demande un peu ce qui a poussé la direction du Théâtre des Cascades à choisir ce texte qui manque cruellement de rythme et de rebondissements. D’une scène à l’autre, on assiste aux mêmes discussions de couple entre Ben et sa malheureuse femme, lesquelles sont ponctuées d’histoires d’adultères, dévoilées à petit feu mais sans grands effets de surprise. Le comique de cette pièce mise en scène par Richard Fréchette repose sur l’unité de lieu. Or, c’est aussi sa principale faiblesse; le snack-bar déserté par les clients n’offre finalement que très peu de possibilités. La scénographie de Serge Thibodeau crée un nouveau cadre de scène à l’intérieur du premier, dans la forme exacte du hamburger, ce qui écrase quelque peu les acteurs et disperse l’attention.
Tout de même, les facéties de Pierrette Robitaille, en épouse désespérée, sont drôlement efficaces. Michel Laperrière joue l’entrepreneur convaincu et le mari aimant avec justesse, malgré une diction par moments vacillante. Dans le rôle de la prétendue starlette, Tammy Verge s’investit pleinement. Au final, on passe un moment sympathique et léger comme il se doit, mais sans grands éclats de rire.