Ladies et Gentlemen : Erreur sur la personne
Scène

Ladies et Gentlemen : Erreur sur la personne

Les Productions Jean-Bernard Hébert proposent Ladies et Gentlemen, une comédie vaudevillesque pleine de rebondissements.

Après l’univers de l’opéra (dans Ténor recherché, vu l’été dernier au Théâtre du Vieux-Terrebonne), l’auteur à succès Ken Ludwig a imaginé, dans Ladies et Gentlemen, le périple d’un duo d’acteurs sur le déclin. Leo Clark et Jack Gable, venus jouer Shakespeare dans un bled perdu, se travestissent pour empocher l’héritage que la millionnaire du coin réserve à d’obscures nièces exilées.

Traduite et mise en scène par Jean-Guy Legault, la pièce est en fait une variation autour de La Nuit des rois de Shakespeare. Ludwig utilise les principes de la comédie élisabéthaine (travestissements, quiproquos et amours entremêlées) dans une nouvelle intrigue, la nourrissant de références à l’oeuvre maîtresse. Le résultat: une comédie très rebondissante, mais aussi intelligente, juste assez complexe pour qu’on ait envie de s’y perdre. La traduction transpose l’univers très anglais du texte original dans une communauté bigarrée où se côtoient le français, l’anglais, les accents et les niveaux de langue, avec justesse mais sans toutefois y trouver l’équilibre. L’idée était prometteuse, mais le mélange n’est pas toujours harmonieux et quelques gags de nature linguistique tombent à plat.

Pour le reste, Ladies et Gentlemen a tout ce qu’il faut pour séduire. D’abord une très enviable distribution, qui y investit talent et énergie, surtout dans la deuxième partie, plus exigeante et à laquelle on a accordé un plus grand soin. Si Stéphane Breton est plus convaincant en femme qu’en acteur shakespearien (qu’il rend faussement pleurnichard et surjoue un tantinet), Antoine Vézina endosse aisément ces deux rôles, avec le naturel comique qu’on lui connaît. Marie-France Lambert est une amoureuse au regard enflammé et Janine Sutto, visiblement en pleine forme, surprend dans ce rôle de vieille femme renfrognée, vulgaire et imprévisible.

Legault, qui aime les prouesses d’acteurs, les fait virevolter dans de scintillantes chorégraphies. Très physique, la mise en scène est rythmée, voire "percussionniste". Le décor de Jasmine Catudal, structure modulable qui esquisse les contours d’un quelconque château, est efficace et évocateur, en plus de laisser aux costumes rigolos de Pierre-Guy Lapointe la place qui leur revient. Pas encore tout à fait rodée, mais ce n’est qu’une question de temps, la pièce devrait figurer parmi les succès de l’été.