Correspondance de Groucho Marx : Au pied de la lettre
Scène

Correspondance de Groucho Marx : Au pied de la lettre

Patrice Leconte et Jean-Pierre Marielle ont visiblement eu un énorme plaisir à porter à la scène la Correspondance de Groucho Marx. L’ennui, c’est que le plaisir n’est qu’à demi-partagé.

Très bonne idée de sortir de l’ombre ces petits bijoux de répartie caustique. Mais le spectacle, une fois porté hors de son contexte de création, le Festival de la correspondance de Grignan, sème plus de doute que d’admiration.

Pourtant, la matière première ne manquait pas d’intérêt. Si elle n’est pas hilarante, la Correspondance de Groucho Marx est pleine de répartie et d’autodérision. Le comédien américain, dont la moustache et le cigare sont devenus légende, ne manquait vraiment pas de verve. À la fois direct et subtil, il répond à ses correspondants avec panache et distinction, cultivant autant sa truculence que son sens du récit.

Groucho Marx avait du mal avec les critiques new-yorkais. Et à l’image de son idole, le cinéaste Patrice Leconte n’a guère impressionné les critiques français avec cette décevante mise en lecture. De l’autre côté de l’Atlantique, près d’un an plus tard, on ne peut que leur donner raison. Bien sûr, Jean-Pierre Marielle inonde la scène de sa voix grave et profonde, elle aussi presque légendaire. Pierre Vernier, qui incarne tour à tour l’ami sincère, le critique virulent ou le producteur mercantile, joue les faire-valoir avec autant d’humilité que possible. La correspondance, parfois déguisée en dialogue, est ponctuée de subreptices déplacements et de sympathiques sourires complices, mais surtout de très heureux intermèdes jazzés, joués en direct par un trio formé pour l’occasion. Mais de l’ensemble, on retiendra surtout l’aspect approximatif. C’est une lecture, et il faudrait certes être de très mauvaise foi pour souligner l’absence de mise en scène, mais on pouvait s’attendre à une meilleure maîtrise de la part de Marielle, qui bute sur les mots et en oublie par moments les plus élémentaires règles d’accentuation.

Au final, le spectacle aura peut-être donné envie de s’intéresser à l’histoire des frères Marx (sans contredit, l’un des objectifs de Leconte), mais il n’aura pas réussi à rendre l’exercice plus théâtral que scolaire.

Jusqu’au 19 juillet
Au Théâtre Jean-Duceppe
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