L’Emmerdeur : Risques et périls
Avec L’Emmerdeur, James Hyndman et Laurent Paquin s’attaquent, à leurs risques et périls, à un duo légendaire.
C’est au grand écran, en 1973, que Jacques Brel et Lino Ventura immortalisent le tandem François Pignon et Ralph Milan dans L’Emmerdeur. Depuis, on peut dire que Pignon a brillamment poursuivi sa carrière de con de service (au grand plaisir du public!), notamment dans les films Le Dîner de cons, Le Placard et La Doublure. À l’occasion du Festival Juste pour rire, la pièce de Francis Veber – mise en scène par Carl Béchard et adaptée à la sauce québécoise par Jean-Philippe Pearson – se déploie, ces jours-ci, sur la scène montréalaise.
Deux hommes, deux chambres d’hôtel contiguës. Depuis sa fenêtre et armé jusqu’aux dents, Ralph Milan (James Hyndman) – un solide gaillard à la solde de la mafia – doit éliminer un individu dont le procès s’ouvre en ville. Arrive le légendaire Pignon (Laurent Paquin) qui, dépêché comme photographe pour l’événement, décide qu’il en a assez de vivre, dévasté par le départ de sa femme (Violette Chauveau). On connaît la suite… Décidé à reconquérir celle qu’il aime, le cocu suicidaire – bien que naïf et inoffensif – va foutre un joyeux bordel dans la vie de ceux qui l’entourent, dont le nouvel amant de son épouse (Pierre Chagnon).
En choisissant L’Emmerdeur, Juste pour rire s’attaquait à un gros morceau. Recréer l’humour caustique des oeuvres mordantes de Veber dont Pignon est le héros n’est pas du gâteau. Et bien que Hyndman et Paquin détiennent tous deux le physique de l’emploi, la complicité des acteurs brille par son absence. Dans le rôle du tueur à gages, Hyndman offre quelques performances physiques comiques et mémorables lorsque son personnage est malencontreusement drogué et/ou au bord de la crise de nerfs. Mais ces moments de délire provoquent des passages quasi burlesques où l’on regrette l’exaspération délicieusement silencieuse de Ventura. De son côté, Paquin offre un jeu sans grandes nuances où la candeur et la naïveté originale de Pignon manquent de spontanéité et où le jupon de l’humoriste dépasse sous les habits du comédien.
Sans oublier quelques gags simplistes à saveur sexuelle, certains passages qui traînent en longueur et sur lesquels plane l’intention vite démasquée de provoquer les rires de la foule, et un décor plutôt fade (bien que les deux chambres juxtaposées permettent la création d’amusantes scènes d’action parallèle jouées en simultané). Cela dit, le divertissement et le plaisir peuvent être au rendez-vous si on laisse ses attentes au vestiaire.
Jusqu’au 26 juillet
Au Monument-National
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Du 7 au 30 août
Au Chapiteau Saint-Sauveur