Arianna Bardesono : Que le vent se lève
Scène

Arianna Bardesono : Que le vent se lève

Pour ses 20 ans, le Repercussion Theatre célèbre avec Shakespeare. Paul Hopkins et Arianna Bardesono mettent en scène La Tempête dans les parcs de Montréal.

Amoureux fou de Shakespeare, le directeur artistique du Repercussion, Paul Hopkins, estime que "cette pièce est toute désignée pour rendre hommage à l’art théâtral". C’est ce que raconte Arianna Bardesono, qui est chargée du versant francophone de la mise en scène. Car, fidèle à ses habitudes, la compagnie a préparé deux moutures de sa production, l’une en anglais à partir du texte original de Shakespeare, l’autre dans la langue de Molière, selon la traduction de Normand Chaurette. Une seule et même distribution, à l’exception du rôle principal, et une mise en scène unique, cosignée par Hopkins et Bardesono, histoire de rendre la prose shakespearienne accessible au plus grand nombre.

Une célébration du théâtre, disions-nous. Oui, car l’histoire bien connue de Prospero, ancien duc de Milan échoué sur une île déserte avec sa fille Miranda, usant de ses pouvoirs magiques pour provoquer une terrible tempête et faire subir à ses usurpateurs naufragés une série d’épreuves initiatiques, a tout de la métaphore de la mise en scène de théâtre. Jusque là, rien de nouveau. Mais plutôt que d’insister sur la mise en abyme comme l’ont fait plusieurs metteurs en scène avant eux, Hopkins et Bardesono ont misé sur une théâtralité pure, dans laquelle les acteurs sont amenés à créer, avec des moyens simples, de multiples univers.

"On a situé l’action dans un univers anachronique avec des costumes qui rappellent l’époque sans la reconstituer, mais on croit surtout au pouvoir de la suggestion; on veut voir le public s’émerveiller devant des acteurs qui créent tout à partir de presque rien." Bardesono, qui a affronté La Tempête à deux reprises en tant qu’actrice dans son Italie natale, voulait aussi que tout cela soit une affaire de mouvement. "On a travaillé beaucoup les figures d’ensemble, précise-t-elle, à la manière de choeurs mouvants."

Visiblement, la jeune metteure en scène s’est amusée dans ce projet qui, à l’image de son propre parcours, mélange les langues et les cultures. Elle qui a étudié à Paris, Londres, Milan et Montréal, fait son bout de chemin au Canada anglais (jouant d’ailleurs Shakespeare dans les parcs de Toronto), réalisé sa première mise en scène professionnelle en français au Quat’Sous cet hiver (Les mondes possibles), se réjouit de se "retrouver cette fois au coeur des deux communautés linguistiques de Montréal, qui ne sont pas souvent mélangées, et qui pourtant gagneraient à collaborer un peu plus."

En travaillant Shakespeare dans les deux langues, avec de jeunes acteurs majoritairement francophones (tous fraîchement diplômés), ils ont pu, affirme-t-elle, jeter un nouvel éclairage sur le texte. "Chaurette a pris beaucoup de décisions très personnelles, mais très pertinentes, ce qui a influencé la construction des personnages et permis de faire dialoguer les deux versions." Ceux qui verront la pièce dans les deux langues remarqueront à quel point le personnage de Caliban, par exemple, y gagne en profondeur. Mais il faudra scruter le calendrier, car il n’y a que six représentations en français.

Du 22 juillet au 17 août
Dans les parcs de la ville de Montréal
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