Les Misérables : Chant de liberté
Scène

Les Misérables : Chant de liberté

Avec sa nouvelle mouture de la comédie musicale Les Misérables, très efficacement mise en scène par Frédéric Dubois, Jean Pilote remporte son pari haut la main.

L’aventure des Misérables, la comédie musicale d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg inspirée du roman de Victor Hugo, est en soi merveilleuse. Créée à Londres, en 1985, où elle tient toujours l’affiche, l’oeuvre a depuis été présentée aux quatre coins du monde. En 1991, au Théâtre St-Denis, Robert Marien était à la tête d’une distribution entièrement québécoise. Présenté en anglais et en français, en alternance, le spectacle a tenu l’affiche pendant six mois.

Dix-sept ans plus tard, Jean Pilote, directeur général du Capitole, a l’audace de produire une nouvelle lecture de l’oeuvre à l’occasion du 400e anniversaire de la ville de Québec. Pour assurer la mise en scène, on ne saurait trop le remercier d’avoir fait confiance à Frédéric Dubois, jeune metteur en scène au talent indéniable. Le directeur du Théâtre des Fonds de Tiroirs vient d’ailleurs tout juste de remporter le Prix John-Hirsch 2008 du Conseil des Arts du Canada pour avoir jusqu’ici "fait preuve d’un grand potentiel allié à une captivante vision artistique".

Avec l’aide de la chorégraphe Geneviève Dorion-Coupal, Dubois règle parfaitement les mouvements de masse, l’un des plus grands défis de ce genre de spectacle. Pour faire défiler les lieux et les époques, le metteur en scène a choisi la sobriété. Souvent, un seul élément de décor, soigneusement conçu par Christian Fontaine, suffit, avec les éclairages de Denis Guérette, les superbes costumes de Yasmina Giguère et les perruques de Rachel Tremblay, à évoquer le bagne, l’usine ou l’auberge des Thénardier. Pour rappeler Paris ou encore la barricade, on en fait, comme il se doit, un peu plus. Ce qui est vraiment merveilleux, c’est qu’on ne regrette pas un seul instant le fameux plateau tournant de la production originale.

Les arrangements musicaux de Nicolas Jobin, Gilles Ouellet et Pierre-Olivier Roy nous débarrassent de tout ce qui avait mal vieilli. Il faut aussi mentionner la qualité peu commune de la retransmission des voix. Mais le noyau dur de cette production, c’est sans contredit sa distribution. En Valjean, Gino Quilico joue bien mieux qu’on n’aurait pu le croire. Il pourrait être plus incarné, son chant moins opératique, mais son interprétation passe la rampe. Cela dit, les plus belles performances sont celles de Kathleen Fortin et Jean-Raymond Châles en Thénardier, de Carl Poliquin en Marius, de Geneviève Charest en Fantine et d’Alexandre de Grandpré en Javert, mais la véritable révélation, c’est Sophie Tremblay, une exceptionnelle Éponine qui vaut à elle seule le détour.

Jusqu’au 19 octobre
Au Capitole de Québec
Rés.: 1 800 261-9903