Moi Chien Créole : Avoir du chien
Scène

Moi Chien Créole : Avoir du chien

Erwin Weche trouve son premier grand rôle au théâtre avec Moi chien créole, une production du Théâtre du Grand Jour, de passage en Estrie.

Quatre ans après sa sortie de l’École nationale de théâtre, Erwin Weche décroche un premier grand rôle sur les planches. Sous la direction de Sylvain Bélanger, directeur artistique du Théâtre du Grand Jour de Montréal, il interprète, en solo, Moi chien créole, premier texte pour le théâtre d’un travailleur social martiniquais, Bernard Lagier.

Un chien, reclus dans un coin sombre de la place publique, observe la lune se lever sur une autre nuit où il devra accomplir son noble devoir: insuffler à ses semblables, les hommes, le pouvoir d’être libres et l’amour de se raconter. Ce chien créole, un vagabond maigre et famélique aux poils ras et hirsutes, métaphore de l’errance et de l’exclusion, c’est le personnage qu’Erwin Weche a la délicate tâche d’incarner: "Quand je fantasmais à l’idée de faire un one man show, je m’imaginais jouer plusieurs personnages, plus pour me payer un trip que pour faire étalage de mon talent. Ce qui est bien avec le personnage du chien, c’est qu’il me permet de faire ça parce que son quotidien, c’est de se nourrir la nuit des rêves et des révoltes des marginaux, de leur donner des mots, leur prêter son corps."

Cette idée, celle d’un chien qui s’abreuve des malheurs que les hommes déversent (par les yeux, les pores de la peau et la bouche) pour leur servir de porte-voix, c’est probablement la plus belle de tout le texte de Bernard Lagier. Le Martiniquais, qui travaille à la réinsertion sociale de jeunes décrocheurs par les arts et la musique, espère, comme l’équipe du Théâtre du Grand Jour, rallier le théâtre au pouvoir des citoyens.

Erwin Weche précise que le chien n’est pas perçu de la même manière chez nous que dans les Antilles: "En Amérique du Nord, le chien est le meilleur ami de l’homme; dans les Antilles, ce n’est pas pareil. Le chien créole est un chien bâtard, un chien errant à qui certains attribuent des vertus diaboliques. Dans la pièce, le chien est le miroir de l’homme, son frère, il se pose en témoin de la société antillaise mais aussi et surtout de la société au sens large. J’ai l’impression que la pièce suggère que nommer les choses, c’est un peu commencer à les changer."

Le 27 juillet à 20h30
Aux Jardins Lumières de L’Avenir
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