Amakhosi : En totale disharmonie
Scène

Amakhosi : En totale disharmonie

Alors qu’il s’annonçait comme une perle de la culture africaine, Amakhosi s’avère un divertissement de bien piètre qualité.

Pour nous raconter la légende de la formation du mont Table, en Afrique du Sud, les artisans d’Amakhosi ont choisi de nous disposer en cercle. Seul l’arrière de la scène est réservé aux coulisses qui débouchent sur une arcade formée par d’immenses cornes d’éléphant. Côté cour, en fond de scène, huit chaises recouvertes de tissus imitant des peaux de zèbre et de léopard accueillent les percussionnistes. Certains spectateurs ne verront que leurs dos tout au long du spectacle: conçu de manière frontale pour une scène à l’italienne, il donne aux deux tiers du public le très désagréable sentiment d’être totalement laissé pour compte. Hélas, là n’est pas l’unique défaut de cette production.

D’emblée, la masse qui envahit la scène trahit un manque de cohésion et de présence. Outre la disparité des tenues qui créent une disharmonie en mêlant costumes traditionnels et habits de cirque, l’investissement physique et spatial des danseurs, noirs pour la plupart, contraste terriblement avec la fadeur et la quasi-inconsistance scénique des acrobates et des jongleurs, majoritairement blancs. Il est d’autant plus difficile de déchiffrer qui représente quoi dans cette distribution éclectique que le son saturé de la voix off qui nous raconte ponctuellement l’histoire en cours est en grande partie incompréhensible. Parfois, la qualité de la sonorisation rend aussi presque désagréables les chants africains, pourtant très beaux et très évocateurs. À vouloir mettre trop de couleurs, on a brouillé l’image.

Du côté des numéros de cirque, ils sont si mal intégrés qu’au lieu d’enrichir la trame narrative, ils nous en déconnectent. Principalement composés d’acrobaties aériennes et de jongleries diverses, ils sont exécutés avec de si nombreux ratages qu’on doute régulièrement du professionnalisme des artistes. Et quand les pieds d’un trapéziste frappent les projecteurs au bout de sa trajectoire, on doute même d’être en sécurité sous ce chapiteau. Enfin, des éclairages trop sombres obligent le nerf optique à une continuelle et épuisante gymnastique.

Cela dit, bien que le spectacle ne soit pas fidèle à la qualité de l’extrait vidéo sur le site de la production et que la salle se soit quelque peu vidée à l’entracte, il s’en est trouvé tout de même pour applaudir chaleureusement à la fin.

Jusqu’au 17 août
Au Quai Jacques-Cartier
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