La Tempête : Le vent a tourné
Scène

La Tempête : Le vent a tourné

Après une décevante incursion chez Molière l’an dernier, le Repercussion Theatre a pris la bonne décision de revenir à ses premières amours avec La Tempête de Shakespeare.

Les metteurs en scène de cette Tempête, Paul Hopkins et Arianna Bardesono, ont, à peu de choses près, trouvé l’équilibre entre leur désir de faire entendre la parole shakespearienne et celui d’y insuffler un petit côté suggestif et choral. Leur proposition, qui exploite habilement le principe de l’acteur occupant tous les rôles à la fois (tantôt bruiteur, tantôt choriste, sans jamais quitter son personnage), s’éloigne peu des exigences du texte et des didascalies originales. Ce qui, dans le contexte de théâtre en plein air qui est le leur, a l’avantage de rendre l’oeuvre limpide et accessible.

Les badauds aussi bien que les aficionados de Shakespeare pourront apprécier la complétude de cette oeuvre testamentaire où le grand Will aborde d’un seul coup plusieurs de ses thèmes de prédilection. Trahisons politiques, vengeances et vibrantes amours juvéniles sont du lot, sur fond de magie et de spiritisme. Le tandem Hopkins-Bardesono a toutefois dévié un tantinet du texte en féminisant des personnages: le roi de Naples, Alonso, devient la souveraine Alonsa, de même que le bouffon Trinculo se mute en Trincula et que les personnages fantasmatiques, le rusé Ariel et le monstrueux Caliban, sont joués par des actrices. Dans l’ensemble, ce choix ne dénature pas trop les personnages, sauf peut-être dans le cas de Caliban, qui en ressort malheureusement plus coquin et attachant qu’horripilant.

Si le pieux respect du texte donne lieu à des scènes de dialogues un peu statiques, trop conventionnelles, on se réjouit de l’aspect choral du spectacle, présent tant dans les chants que dans certaines transitions chorégraphiées et légères modifications, à vue, du décor. Par là, les créateurs n’inventent rien, mais dynamisent grandement le spectacle et le rendent plus festif. De même, à la démesure féerique de l’univers shakespearien, la mise en scène répond avec des solutions simples et dépouillées, par exemple ce choix judicieux de "statufier" les acteurs pendant les interventions magiques d’Ariel, esprit des airs.

Les jeunes acteurs jouent juste, dans un souci d’accessibilité, sachant doser le lyrisme du texte et la multiplicité de l’action. Mention spéciale à Jean-Philippe Baril-Guérard, qui interprète un Ferdinand plus éperdument amoureux de sa Miranda (Emily Skahan) que Roméo n’a jamais pu l’être de sa Juliette.

Jusqu’au 17 août
Dans les parcs de la ville de Montréal
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