Evelyne de la Chenelière : Perrault fleuve
Évelyne de la Chenelière dit le Saint-Laurent de Pierre Perrault dans le cadre des Correspondances d’Eastman. Une citadine prend le large.
Personne n’était surpris, lors du dévoilement de la programmation des Correspondances d’Eastman, de voir inscrit à l’horaire de l’événement Écrire le fleuve, Pierre Perrault, voyageur de l’intime, une mise en lecture des récits de voyage du cinéaste et écrivain tout à fait en phase avec le thème de cette édition: " Tout un voyage! ". Ils étaient plus nombreux à s’étonner de la participation de la comédienne et dramaturge Évelyne de la Chenelière à cette célébration. Nous avions été habitués à la voir évoluer dans des univers liés à l’expérience urbaine (dans des pièces comme Des fraises en janvier et Le Plan américain, entre autres) plutôt qu’aux longs voyages en mer. Pour la principale intéressée, il faut se garder de sous-estimer le lien intime de chaque Québécois avec le fleuve, peu importe son milieu de vie. "Je vis à Montréal, je suis née à Montréal, mais ça vient me chercher beaucoup. Et à Montréal, on est entouré par le fleuve. J’ai aussi eu la chance de voyager souvent dans la région de Tadoussac. Je connais et j’aime le fleuve à cet endroit-là."
Sélectionnés par Nicolas Davignon, étudiant en littérature et exégète des récits de voyages de Perrault, les extraits de textes constituant Écrire le fleuve sont issus, en bonne partie, du journal que le cinéaste avait tenu lors du tournage des films La Grande Allure I et II. Perrault y suivait, à voile, l’itinéraire de Jacques Cartier, de Saint-Malo à Québec. À bord se trouvait en sa compagnie Michel Garneau, également du spectacle à Eastman. L’homme derrière Pour la suite du monde lui avait confié le titanesque mandat de faire du fleuve un poème. "C’était immanquable de prendre des petits bouts de ce poème-là", explique Davignon. De la Chenelière lira donc des extraits de ce texte où Garneau achoppe à l’indicible beauté du fleuve, se fait humble devant elle. Aperçu en répétition, le contraste entre la grâce de la délicate comédienne et la force tranquille de l’imposant écrivain avait de quoi fasciner. Impressionnant de dire ces phrases sous l’oeil attentif de leur auteur? "Ce matin, je butais sur quelques mots et tout ce que j’avais envie de dire à Michel, c’est: "Inquiète-toi pas, ça va être correct lors de la représentation"", confie Évelyne de la Chenelière.
Avec Normand Chouinard à la mise en lecture ainsi que Bertrand Gosselin et Marie-Anne Catry à l’illustration musicale, de la Chenelière assure qu’Écrire le fleuve ne cédera pas à l’écueil de la grandiloquence qui accompagne plus souvent qu’à leur tour ces séances de louange de la nature et des paysages. "Perrault est d’abord tombé amoureux d’un objet littéraire. Toute son oeuvre tourne autour du fleuve. Il a mené une lutte obstinée pour nommer le fleuve." La comédienne reprend d’ailleurs à son compte la phrase de Perrault "Je salue la question qui fait le voyage", nous rappelant que la destination importe peu quand le voyage est inspirant. Suffit de se laisser guider par la lumière des sémaphores. Ou de se laisser porter par les mots-sémaphores de Pierre Perrault.
Le 9 août à 20h
Au Théâtre La Marjolaine
Voir calendrier Variés
À voir si vous aimez / Pierre Perrault, Michel Garneau, Gaston Miron