Marie-Soleil Pilette : Gigue moderne
La chorégraphe Marie-Soleil Pilette pousse un peu plus loin le métissage de la danse contemporaine et de la gigue dans le cadre de la 16e édition du festival La Grande Rencontre.
Certains chorégraphes repoussent les limites de la danse traditionnelle pour la moderniser. Marie-Soleil Pilette, elle, intègre de façon quasi naturelle la gigue québécoise à la gestuelle contemporaine qui a marqué sa formation professionnelle. Elle crée une danse contemporaine percussive où les pieds frappent le sol et les mains, diverses parties du corps. Dans son travail, c’est le rythme qui génère le mouvement. Et si ses deux premières chorégraphies étaient dansées "a capella", une trame sonore accompagne les deux pièces présentées à l’Agora de la danse. Échos signés, sa toute nouvelle création, est même un duo entre une danseuse et un flûtiste, le compositeur Nicholas Williams.
"Avant, je créais à partir de rythmes et de phrases que je déconstruisais, mais cette fois, j’ai vraiment composé sur la musique de Nicholas, qui a de grandes qualités sensibles, commente la fondatrice de la compagnie SANS TEMPS danse. Je me suis beaucoup servie des ambiances fortes de sa musique pour créer."
Dans cette oeuvre courte, la chorégraphe a choisi de mettre sa sensibilité d’interprète au service de la signature qu’elle a développée au fil des ans. Pour la première fois de sa carrière, elle a créé directement sur elle. Sur scène, elle danse en interaction corporelle avec le musicien et l’accompagne en utilisant sa voix et sa respiration de manière percussive.
Créée en 2005, l’autre pièce au programme est dansée par Maïgwenn Desbois et Pamela Poulin, issues de la danse contemporaine et du ballet classique. Pendant 40 minutes, Mémoire raconte en mouvement l’histoire des grands-mères des deux interprètes. Là, le concepteur sonore Marc Maziade mêle à sa musique des extraits d’entrevues où les danseuses livrent spontanément des tranches de leur histoire familiale.
"Cette pièce-là, je la sentais comme une histoire portée par un conteur et je voulais qu’elle soit racontée de manière très naturelle, explique Pilette. C’est pour ça qu’on n’a pas imposé de textes aux filles mais qu’on a enregistré des conversations. La trame sonore a été faite sur mesure pour refléter l’ambiance de chaque section, et les voix off des danseuses servent ponctuellement à une mise en situation pour que le public se repère. Ce sont des histoires de vie personnelles qui peuvent trouver un écho en chacun."
Tout en candeur et en fraîcheur, Mémoire fait revivre les joies et les peines d’un passé qui résonne encore dans l’âme québécoise d’aujourd’hui. Soutenant la démarche artistique de Marie-Soleil Pilette, qui puise dans le vocabulaire de la danse traditionnelle pour donner une couleur locale à la danse contemporaine, la pièce plonge dans les racines de la culture québécoise pour l’actualiser en révélant à quel point nous portons l’histoire de nos ancêtres.
Pour la chorégraphe, le partenariat entre l’Agora et le festival stigmatise d’ailleurs le point de rencontre nécessaire entre la tradition et l’art contemporain. "Je trouve qu’il y a vraiment de la place pour explorer dans cette voie-là mais que les vitrines manquent, conclut-elle. J’espère que celle-ci va rester et qu’il y en aura d’autres."
Les 9 et 10 août
À l’Agora de la danse
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