Patrice Leblanc : En noir et Leblanc

Originaire de Victoriaville, il fut dans une autre vie musicien et un de ces hommes aux mille emplois tous plus différents les uns que les autres. Jusqu’au jour où, au bord d’une piscine, quelqu’un lui conseilla vivement de se lancer en théâtre. C’est donc le pari qu’il fit. Quelques années plus tard, il semble que Patrice Leblanc ait fait le bon choix, car il est sans aucun doute un des rares comédiens à vivre de son art en région.

On a pu le voir sur grand écran dans la production 100 % saguenéenne Hunting Ground, un long métrage de science-fiction, et son implication au sein de l’ensemble de gumboots Racines tient une place très importante dans son coeur. Toutefois, lors des prochaines semaines, ce sera le monde du théâtre qui occupera son emploi du temps et ce, doublement.

Patrice Leblanc figure en effet parmi les quatre comédiens de la toute dernière production du Théâtre La Rubrique en compagnie de Sara Simard, Marie Villeneuve et Martin Gagnon. Écoutons donc Leblanc tenter de résumer la pièce L’Espace entre nous sans trop vendre de punchs: "C’est l’histoire de deux frères et une soeur qui se retrouvent par hasard dans leur chalet familial sans avoir prévu de se retrouver tous ensemble. Arrive aussi une ancienne amie qu’ils n’avaient pas vue depuis 10 ans et là, ce sera l’occasion pour eux de se remémorer des souvenirs d’enfance et de découvrir les travers de chacun. Le grand frère est marié et pas très heureux en ménage, la jeune soeur est avec son chum et son couple bat de l’aile, tandis que mon personnage a 30 ans, pas de job, et c’est un éternel adolescent."

Au sujet du personnage de Kevin qu’il interprétera, Leblanc éclate de rire: "Je joue quasiment mon propre rôle! C’est un peu épeurant parce qu’il y a certaines répliques que je dis dans la vie… vraiment textuellement! Mais en même temps, c’est un beau défi, et un metteur en scène m’a déjà dit que des fois, il faut accepter de se jouer soi-même. Pas exactement ce qu’on est, mais au théâtre, il arrive que des personnages nous ressemblent."

Les propos du comédien nous incitent à penser qu’il est presque dommage qu’aucune trame sonore de L’Espace entre nous n’ait été imprimée, un peu comme on le fait souvent pour les productions cinématographiques: "On est une belle équipe, on s’amuse comme des fous et on a des rires malades. Aussi, il va y avoir quelque chose d’extrêmement nostalgique là-dedans, parce qu’il y a beaucoup de tounes des années 80 dans la trame sonore qui nous ont rappelé des souvenirs. Je suis certain qu’il y a des gens qui vont sortir de là et qui vont se "downloader" les tounes."

Benoît Lagrandeur a hérité de la mise en scène de L’Espace entre nous et il peut compter sur la précieuse assistance d’Émilie Gilbert-Gagnon afin de donner vie à cette pièce jouissant déjà d’un certain prestige. Patrice Leblanc y va de quelques alléchants arguments: "C’est Nico Gagnon qui a écrit ce texte-là avec la collaboration de Julie Deslauriers et ils ont gagné le Masque des productions en région en 2004, contre Richard II d’ailleurs. C’est du théâtre d’été intelligent. C’est pas juste punch-pet-perruque! Si les gens arrivent au théâtre et qu’ils se sentent complètement perdus avec un langage qu’ils connaissent moins, c’est normal qu’ils n’accrochent pas. C’est pour ça que je pense que ce théâtre-là est très important pour que le théâtre reste vivant."

CÔTÉ OBSCUR

Projet un peu plus personnel mais totalement débridé, le Théâtre du Faux Coffre, avec ses Clowns Noirs, est indissociable de Patrice Leblanc. Celui qui occupe le rôle de Trac au sein de la troupe de théâtre la plus destroy au Québec a beaucoup de difficulté à ne pas laisser transparaître tout son enthousiasme pour la joyeuse bande. Fort d’un succès phénoménal avec l’adaptation improbable de Roméo et Juliette de William Shakespeare, Leblanc nous explique la raison ayant amené la troupe à s’investir dans un tel projet: "Ça peut paraître bizarre, mais on se demandait quelle pièce on allait monter sans la monter, quelle pièce on allait dire qu’on monterait, mais qu’on ne monterait pas pour attirer plein de monde."

Mais à quoi peut-on s’attendre après un tour de force aussi délirant? Leblanc nous met l’eau à la bouche: "À la fin de la dernière pièce, les Clowns ont vaincu la brigade anticulture, donc on ne pouvait pas revenir en prétextant que la brigade était de retour. On a donc eu l’idée de parler de nos origines. Comme à la fin de Roméo et Juliette, les Clowns sont menottés et arrêtés, on s’est dit qu’ils allaient sortir de prison et que là, ils allaient réussir à faire du théâtre. Ils ont découvert des manuscrits vieux de 2000 ans. Diogène est capable de déchiffrer ça et c’est l’histoire du premier Clown Noir: Barabas. La première vraie pièce des Clowns sera donc Barabas dans la passion."

Fait à noter, Contre-Coeur sera absent de cette production, car, aux dernières nouvelles, le pauvre n’a toujours pas pu sortir de prison. Malgré cela, deux personnes se grefferont à la joyeuse équipée, dont un mystérieux archéologue d’origine française et le comédien Christian Ouellet.

Guère avare de bons mots à l’égard des autres, Leblanc insiste pour que le travail d’Hélène Soucy soit reconnu à sa juste valeur, en précisant que sa conception des costumes de la troupe y est pour au moins 50 % du succès des Clowns Noirs. Enfin, il y va d’un hommage des plus amusants: "À un moment donné, tu es tout le temps cinq personnes à trouver ça drôle, mais tu es toujours en train de te demander si les gens vont trouver ça drôle, si c’est un trip qu’on se fait à nous autres. En fait, il y a une chose que je peux dire, c’est qu’Éric Chalifour a sauvé nos shows. Il vient voir la générale et nous fait part de ses impressions. La première fois qu’on lui avait montré En attendant l’dégat d’eau, je me rappelle qu’on était sortis de la générale complètement détruits!" Et on connaît la suite…

Théâtre du Faux Coffre
Du 17 août au 6 septembre
Salle Murdock

L’Espace entre nous
Du 6 au 30 août
Salle Pierrette-Gaudreault
Voir calendrier Arts de la scène

À voir si vous aimez /
Le théâtre inusité et commencer la semaine du bon pied.