Simon Boulerice : Jeux d'enfants
Scène

Simon Boulerice : Jeux d’enfants

La Petite Licorne débute sa saison plus tôt cette année pour faire place à la nouvelle création de Simon Boulerice, Qu’est ce qui reste de Marie-Stella?, une tragédie contemporaine à saveur musicale.

Acteur, metteur en scène et danseur (notamment dans le prochain spectacle de Dave St-Pierre), Simon Boulerice est une sorte de touche-à-tout hyperactif. Également auteur, il a revisité Tchekhov et les Grecs (Les Filles d’Agamemnon, Fringe 2006), avant de se lancer dans le théâtre jeunes publics (Éric n’est pas beau, lue aux Gros Becs, à Québec, cette année). Avec Simon a toujours aimé danser, un solo pour le moins autofictionnel, le jeune homme a raflé les honneurs aux Festivals Fringe et LGBT 2007.

Même s’il n’a pas voulu que sa nouvelle pièce, produite par sa compagnie, Abat-Jour Théâtre, soit vraiment autobiographique, elle tire inévitablement son origine d’un fait vécu et ratisse encore une fois le monde de l’enfance. Pour le plaisir de l’anecdote, il raconte: "Quand j’ai donné des ateliers de théâtre dans un camp de vacances, j’ai laissé une jeune fille répéter seule un numéro de danse, pour conserver l’effet de surprise. Mais le soir de la représentation, devant les parents, je constate, stupéfait, qu’elle a créé une chorégraphie plus lubrique que prévu." Plutôt que de se laisser décontenancer par la mésaventure, le jeune artiste a choisi d’en faire le point de départ d’une fable musicale. Avec des comédiens issus du Collège Lionel-Groulx, et Chad Vincent-Malo à la musique, Boulerice pose ces jours-ci la question: Qu’est ce qui reste de Marie-Stella?

"Je ne voulais pas écrire une histoire moralisatrice sur l’hypersexualisation, mais j’ai vite eu envie de créer ce personnage, Marie-Stella (surnommée MTS), une jeune fille perdue dans un monde où on grandit trop vite. Elle cherche à s’y tailler une place par le jeu et la ruse, devant une rivale moins subtile, Marie-Clown, qui n’hésite pas à mettre en valeur son sex-appeal naissant." Auprès de Marie-Clown (Sophie Desmarais) et Marie-Stella (Édith Arvisais), il y a Joseph (Gabriel Lessard), un garçon sportif et gêné qui sera pris en sandwich, séduit malgré lui par la première, et piégé par la seconde, qui feint une grossesse pour le garder près de lui. "Ça va très loin. Je me suis amusé à exagérer la situation, mais ce qui m’intéresse au fond, c’est d’explorer, sur fond enfantin et ludique, cette étape entre l’enfance et l’adolescence, le moment ou les identités se construisent et les interactions se modifient."

Pour la première fois, Boulerice a écrit en québécois. Il délaisse le français normatif, mais certainement pas la poésie. "Marie-Stella parle dans une langue très imagée. Il y a aussi beaucoup de moments en aparté, où l’on entre complètement dans son univers et où cette langue prend tout son sens. C’est aussi un peu à ça que servent les chansons; elles appartiennent à une autre réalité." Reste plus qu’à nous y laisser entraîner.