Adieu Beauté : Trop belle pour toi
Scène

Adieu Beauté : Trop belle pour toi

Avec Adieu Beauté, une pièce de François Archambault revisitée par le H2O Théâtre, on peut dire que l’été se prolonge, et pour le mieux.

Avec La Vieille est morte! de la compagnie Nuits d’encre et le King Lear contre-attaque des Productions Préhistoriques, le spectacle du jeune H2O Théâtre, présenté il y a peu au Festival de théâtre ambulant des Hautes-Laurentides, donne l’impression que l’été refuse de se terminer. Avant que les personnages de Beckett, Mouawad et Goldstein ne s’adressent à nous avec un certain sérieux, ceux de François Archambault le font avec une dérision que l’on savoure.

En cassant du sucre sur le dos de cette société en plein dérapage médiatique dans laquelle nous vivons, Adieu Beauté provoque toujours, 10 ans après sa création initiale, le rire et l’émotion, la surprise et la reconnaissance. Sous la houlette de Jonathan Charbonneau, qui tient aussi le rôle fort sympathique du batracien-narrateur, les comédiens, tous récemment diplômés de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, se saisissent de la satire – délirante mise en procès du culte de la beauté – avec une admirable conviction.

La pièce prend son envol avec le rapt de la gagnante du concours Miss Laval 2008 (Geneviève Côté, tout simplement hilarante) par les deux seuls membres du FILPED (Front international de libération des personnes esthétiquement défavorisées). Le but de Jolicoeur, la chef du mouvement terroriste, définitivement frugivore (Marie-Daniel Lussier, une nouvelle venue des plus prometteuses) et de Champoux, son acolyte rondouillet (Simon Gfeller, toujours aussi juste), vous l’aurez deviné: dénoncer le règne tyrannique de la beauté. Une noble entreprise, certains diront utopique, qui sera considérablement épicée par l’arrivée de Voyer, le chum et imprésario de Miss Laval (Martin Tremblay, fourbe et macho à souhait).

Les comédiens épousent à merveille le ton parodique, souvent caricatural, de l’oeuvre. Encore mieux, ils le font avec dosage. Si la pièce d’Archambault aurait mérité quelques petits élagages (la représentation atteint plus de deux heures), ses dimensions politique, sociale et psychologique, agrémentées d’une bonne dose de romance, en font une fable substantielle et d’une redoutable efficacité.

Le beau réside-t-il toujours là où on le croit? La beauté ne serait-elle que le masque de la laideur? Ce qui est considéré comme laid aujourd’hui ne risque-t-il pas de devenir divinement beau plus tard? C’est le genre de questions avec lesquelles le spectacle nous laisse… en plus d’une paire de muscles zygomatiques endoloris.

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