TGP : Escalader l’ivresse
Le TGP démarre sa nouvelle saison avec Les Beaux Dimanches, texte de Marcel Dubé qui transpire les vapeurs d’alcool et les problèmes de couple. Entretien avec le comédien François Gagné.
De retour à Trois-Rivières après une vingtaine d’années d’absence, François Gagné admet avec une joie évidente n’avoir jamais autant joué au théâtre. En trois ans, il s’est joint à trois différentes productions du Théâtre des Gens de la Place. Il s’est d’abord fait remarquer dans le rôle d’un chevalier misogyne dans La Locandiera, puis dans celui d’un voisin particulièrement envahissant dans Le Père Noël est une ordure. Maintenant, il s’apprête à donner ses traits à Victor, personnage central de la comédie dramatique Les Beaux Dimanches de Marcel Dubé. Une mise en scène de Marc-André Dowd, assisté de Marie-Andrée Leduc.
Écrite à la fin des années 60, cette pièce dépeint une certaine bourgeoisie qui, pour tromper l’ennui, s’évade dans le scotch, la bière et le whisky. On y retrouve plus particulièrement Victor et Hélène (Chantal Rivard), un couple au bord de la déchirure, au lendemain d’une soirée bien arrosée. Mais alors qu’Hélène, fatiguée de cette vie, a besoin de solitude, son mari réinvite tous leurs amis de la veille. Dès lors, les dés sont jetés… "La première réplique de la pièce, c’est: "Il ne pourrait pas pleuvoir des fois le dimanche matin?" Comme il fait beau, Victor se doute bien qu’il ne se reposera pas. À l’époque, on faisait des tours de machine, comme on disait, le dimanche, pour aller voir la famille. Et il sait que de la visite va arriver. Dans la discussion qu’il a avec sa femme et sa fille [Joliane Dufresne], on comprend l’effritement du couple et pourquoi ils en sont venus là. Il règle ses problèmes en buvant une bière. À 11h, il a déjà une bière dans les mains. On a un portrait du personnage assez rapidement. C’est répétitif: chaque dimanche, il reçoit du monde. Il a peur d’être seul", explique le comédien. "Là, c’est la dernière brosse avant que le couple n’éclate: on ne pense pas qu’il va survivre à ce dernier dimanche en famille."
LA DESCENTE AUX ENFERS
Pendant deux heures et demie, François Gagné devra jouer un homme devenant progressivement saoul. Comment trouve-t-il ce défi? Craint-il de tomber dans la caricature? "Oui, parce que je suis plus un acteur du comique, bien que ma palette soit assez large. Je peux faire du drame, du classique… Mais instinctivement, je suis quelqu’un qui vient de l’improvisation. Et dans l’impro, c’est beaucoup l’angle humoristique qui est mis à l’avant-plan. J’ai une très grande force là-dedans, par rapport à mon physique, ma capacité d’avoir le sens du rythme; j’ai fait l’École de l’humour et beaucoup d’autres trucs par rapport à l’humour", répond celui qui travaille pour la première fois un personnage aussi complexe et dense. "C’est vraiment le plus grand défi que j’ai eu à relever jusqu’à maintenant."
RIONS UN PEU
Les Beaux Dimanches se présentent comme une comédie dramatique. Si les problèmes d’alcool, de couple et entre générations teintent en grande partie le récit, où se cache le rire? "La comédie est dans ce que l’on va reconnaître dans les comportements humains. C’est-à-dire que c’est une situation qui est réaliste: on est dans une fête où il y a un paquet de monde qui prend un petit verre. Dans le milieu de la pièce, on n’est pas encore dans le pathétique de ce que l’alcool provoque. On est dans le côté festif."
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