Halpern et Johnson : Les parfums du passé
Scène

Halpern et Johnson : Les parfums du passé

Avec Halpern et Johnson, une pièce du Britannique Lionel Goldstein, Monique Duceppe trace le portrait touchant de deux hommes vieillissants.

La pièce de Lionel Goldstein, auteur juif né à Londres en 1935, a été créée en 1995, presque 15 ans après avoir servi de base à un film mettant en vedette Laurence Olivier et Jackie Gleason. Depuis, l’oeuvre obtient un franc succès aux quatre coins du monde. Ces jours-ci, dans une traduction de Michel Dumont et une mise en scène de Monique Duceppe, Gérard Poirier et François Tassé incarnent l’attachant tandem de Halpern et Johnson.

La pièce s’appuie sur une rencontre inusitée entre deux septuagénaires aux tempéraments contraires. D’un côté, il y a Joseph Halpern (Tassé), un homme d’affaires retraité plutôt grincheux. De l’autre, on retrouve Dennis Johnson (Poirier), une sorte de héros romantique du troisième âge. Ces deux hommes, qui n’ont à première vue rien en commun, partagent pourtant une chose fort précieuse: l’amour de Florence. Lorsque cette dernière meurt, Halpern – qui fut marié à cette femme pendant 50 ans – découvre l’existence de Johnson, le premier grand amour de sa défunte épouse. S’ensuit une confrontation musclée et colorée au cours de laquelle remonte à la surface un flot de souvenirs tristes et heureux. Mais plus la conversation avance, plus les deux hommes ont l’impression d’avoir partagé la vie de deux femmes différentes. De cette gentille histoire, somme toute sans grands rebondissements, découlent tout de même de fascinantes questions telles que: Connaît-on réellement ceux qui partagent notre existence? Est-on assez à l’écoute des êtres qui nous sont chers?

Si la mise en scène est trop statique et que le texte recèle plusieurs longueurs (l’incompréhension mutuelle et les désaccords systématiques entre les deux personnages sont à la source de certaines redondances), cette rencontre improbable et loufoque entre deux inconnus suscite également de savoureux passages drolatiques. Mais l’intérêt de la pièce réside surtout dans le tête-à-tête entre Poirier et Tassé, deux grandes figures du théâtre québécois qui réussissent à nous faire oublier l’absence du personnage principal et à nous entraîner au coeur d’un huis clos baigné d’affection et de tendresse.